Pourquoi l’open source marche et pas le logiciel libre ?

closeCet article a été publié il y a 13 ans 3 mois 22 jours, il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

J’ai bien conscience avec cette question de prendre le risque de réveiller des démons qui viendraient s’abattre sur cet article. Mais en ce début d’année, il faut bien prendre quelques risques, cela aura au moins le mérite de nous réveiller des nos agapes festives ou de nous « dé-fossiliser » 😉 !

Pour que mon questionnement soit bien interprété, je vais tenter d’en expliquer le contexte précis. On oppose souvent open source et logiciel libre. Le premier a fait le choix de ne s’en tenir qu’aux aspects pratiques du logiciel libre, c’est-à-dire l’ouverture du code et n’oublions pas c’est le point n° 1 de la définition de l’open source sa libre diffusion.

Ce qui fait que du point de vu des licences les différences sont faibles. Les licences de logiciels libres définis par la Free Software Fundation sont aussi des licences open source.

Ce qui m’amène à reconnaitre le côté racoleur et le non-sens du titre de cet article. Si l’open source marche, le logiciel libre aussi.

Seulement, il y a une différence. On utilise le terme open source dans le monde des entreprises, dans le monde des « Affaires » pour ne pas effrayer décideurs et actionnaires avec le mot « libre » porteur d’une aura anarchiste. Je suis libre donc je fais ce que je veux.

Passons sur cette erreur de jugement, car les logiciels libres ne permettent pas de faire tout ce que l’on veut. Pas plus que les licences libres et par extension ce que l’on appelle la culture libre.

Il est désormais acquis dans ce monde des entreprises que l’open source est devenu une approche incontournable. Tellement incontournable que les géants comme ORACLE en viennent à les absorber pour mieux les éliminer de peur de les voir progresser.

Si on se tourne vers l’informatique de monsieur tout le monde le tableau n’est pas le même. Microsoft n’a à priori aucune velléité à absorber Canonical pour éliminer sa distribution GNU/Linux devenue trop encombrante. Le logiciel libre bien qu’ayant réussi quelques belles opérations comme Firefox reste bien discret et méconnu.

J’en viens donc à mon questionnement. Pourquoi le logiciel libre ne parvient-il pas à percer sur le poste informatique de monsieur tout le monde (appelons-le M. Michu c’est plus court et convenu) ? N’y aurait-il pas une faille dans l’approche ? En fait est-ce que cela intéresse M.Michu d’utiliser un logiciel libre parce qu’il est libre ?

La réponse est souvent négative. C’est la valeur d’usage qui l’intéresse. Un peu comme dans les entreprises. Ce qui prime c’est la pertinence du résultat. Un projet à base de logiciel open source a des composantes différentes d’un projet utilisant des logiciels propriétaires ou « privateurs ». Mais les avantages existent et sont bien réels et perçus par les entreprises. Il est même surprenant d’entendre ce monde des affaires commencé à employer le terme logiciel libre comme si il devenait désormais acceptable. Les entreprises en avance sur les particuliers ?

Un autre point aussi qui attire M.Michu, c’est la marque, le marketing et là  aussi le logiciel libre est parfois, souvent, toujours (rayer la mention inutile) mauvais élèves. Alors, certains diront « on s’en fiche, s’ils ne sont attirés que par ce qui brille alors tant pis pour eux ». Ce qui revient à accepter d’abandonner M.Michu à son triste sort ce qui personnellement me désole.

Pourquoi ce qui marche avec les entreprises et ce qui les a séduits ne serait pas applicable avec M.Michu ? Pourquoi ne devrait-il pas exister une grande marque de logiciel libre ?

Mozilla est à mon sens une réussite en la matière. Son approche du développement et de la conception des logiciels est totalement ouverte et pourtant ce n’est pas sa finalité. Son slogan est clair :

We Believe in an Open Web and we’re dedicated to keeping it free, open and accessible to all.

Nous croyons dans un Web ouvert et nous sommes dévoués à le conserver libre ouvert et accessible à tous (traduction personnelle et approximative)

C’est le web la finalité de Mozilla. Et, je crois que cela parle plus à M.Michu que « Nous croyons dans les logiciels libres et nous sommes dévoués à la réalisation d’un navigateur web libre ouvert et accessible à tous ». A tel point d’ailleurs que beaucoup d’utilisateurs de Firefox ignorent qu’il s’agit d’un logiciel libre. Je pense qu’une partie du succès de Mozilla tient dans cette approche où le logiciel libre est un moyen mais pas une finalité.

C’est ce que je dis aussi parfois à certains adhérents ou futurs adhérents de mon AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) qui pense d’abord aux produits qu’ils vont pourvoir acheter au travers de notre association : nos achats sont un moyen d’atteindre notre finalité : soutenir les petits producteurs de notre région respectueux de l’environnement.

Le logiciel libre me semble donc avant tout un moyen de libérer M.Michu et sa famille, mais pas la finalité de notre action. Mais j’enfonce là une porte ouverte,car l’objet de la FSF est bien de « promouvoir la liberté de l’utilisateur d’ordinateur et défendre les droits des tous les utilisateurs de logiciel libre » pas de faire des logiciels libres.

Alors, je dirais que le logiciel libre est un moyen nécessaire et indispensable, mais pas suffisant pour libérer M.Michu de son ordinateur. Les commentaires constructifs et argumentés sont les bienvenus !

Crédit image Certains droits réservés par yto modifié par Philippe Scoffoni

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

21 réponses

  1. OlivierAuber dit :

    Oui Philippe, tentons de réveiller le Landerneau !-)

    Pour compléter tes observations, il me semble que l’Open Source est toujours lié à une notion de centre physique où se pilote le produit, où s’élaborent ses mises à jour, voire à travers lequel les utilisateurs interagissent. C’est ce que j’appelle un « point de fuite » d’une « perspective temporelle ».

    Au contraire, le Libre s’affranchit de tout centre physique. Le code lui-même qui devient le centre. Il est ce que j’appelle le « code de fuite » d’une « perspective numérique ».

    Pour se déveopper, ces deux perspectives répondent de manière nettement différentes aux critères de légitimité sans lesquels elles ne seraient pas des « perspectives ».

    1 – Légitimité procédurale (il faut que « ça marche »)
    2 – Légitimité par impartialité (il faut que A soit traité comme B)
    3 – Légitimité substantielle (il faut un mythe fondateur et rassembleur)

    L’Open Source répond facilement au critère 1 (il est plus facile de faire marcher un système centralisé qu’un système réparti ou acentré). Il a plus de difficulté à répondre au critère 2 (en général, les opérateurs du système ne sont pas traités comme les simples usagers). L’Open source se contente en outre d’un mythe fondateur « faible » : c’est bien souvent « l’efficacité », la « compétitivité », le « marché » qui en sont les moteurs.

    Le Libre répond plus difficilement au critère 1 (pour les raisons inverses de celles signalées plus haut). Il répond mieux au critère 2 que l’Open source au sens où chacun est placé sur le même pied d’égalité, aux différences près des niveaux d’éducation et de compétence permettant d’intervenir dans le code. Enfin, on entrevoit que le Libre s’appuie sur un mythe fondateur à terme plus puissant que celui de l’Open source : c’est précisément la « liberté » individuelle d’étudier et de proposer de nouvelles mises en oeuvre du « code ».

    Au final, la différence fondamentale entre l’Open source et le Libre réside dans la notion de « valeur » (valeur d’échange, valeur d’usage, mais aussi valeur d’otage) et donc de monnaie et de création monétaire. C’est précisément en se confrontant avec cette question que ces perspectives entrer en compétition les unes avec les autres : entre perspectives temporelles (la monnaie Open source de Facebook contre celle de Google), et entre perspectives temporelles et perspectives numériques (les monnaies Open source contre les (ou la) monnaie(s) libre(s) acentrée(s).

    A mon sens, cette bataille sera notre quotidien pendant les 20 prochaines années….

  2. truffo dit :

    A mon avis, l’un des facteurs les plus importants est le lobbying. Logiciel libre, open source, freeware ou propriétaire, peu de gens font la différences. L’important c’est la notoriété du produit.

    L’exemple de Microsoft qui fait un lobbying dès le plus jeunes ages ( Microsoft Office 2010 a 59 € pour les parents et élèves du primaire et secondaire ) est assez marquant. On ne retrouve pas ce genre de pratique dans le monde du logiciel libre.

    Il manque un maillon essentiel dans la chaîne : la communication qui est encore balbutiante dans le monde du logiciel libre.

  3. Changaco dit :

    Firefox a fonctionné car il était objectivement meilleur qu’Internet Explorer dans tous les domaines, du coup les geeks et professionnels l’ont installé un peu partout. Ce n’est pas la même chose pour tout logiciel libre ou pour les OS libres, qui ne sont pas objectivement meilleur dans tous les domaines.

    J’avais fait une liste des problèmes du logiciel libre dans les commentaires du Framablog, je la re-poste ici (du plus gênant au plus trivial selon moi):
    – la vente liée, les gens qui n’y connaissent rien ne savent pas ce qu’est un OS, ne savent pas qu’ils en existent d’autres que Windows et/ou MacOS X et enfin ne veulent pas installer un OS, même si certains outils permettent de le faire directement depuis Windows
    – l’enferment des utilisateurs par les autres OS (les jeux DirectX, les jeux OpenGL porté sous MacOS X mais pas GNU/Linux, etc)
    – la division de la communauté du libre (que j’ai évoqué plus haut), trop de duplication d’efforts (distributions, environnements de bureau, langages de programmation, bibliothèques graphiques, etc)
    – la qualité (notamment au niveau ergonomie) de certain(e)s logiciels/bibliothèques
    – le manque de bon pilotes libres (mais ça s’améliore en continu :))
    – j’en oublie peut-être

  4. Christophe dit :

    Salut Philippe,

    Tout d’abord, meilleurs vœux pour cette année qui commence tout juste. Puisque tu cites mon article, Culture libre, pour balayer, à raison, cette « erreur de jugement » (que certains entretiennent maladroitement et pas forcément avec de mauvaises intentions) qui laisse accroire aux utilisateurs que la « liberté » est un absolu (je peux faire tout ce que je veux), j’aimerais revenir sur l’idée centrale de cet article pour ajouter mon grain de sel à ta réflexion post-fossilisation ! 😉

    Ce que j’essayais de dire est assez proche de ce que OlivierAuber appelle la « légitimité substantielle » (même si je ne comprends pas bien pourquoi il utilise cet adjectif) ou mythe fondateur. Truffo va d’ailleurs dans le même sens en parlant de la « notoriété du produit ». On touche là à la représentation, l’image que l’on se fait, que l’on a, que l’on donne d’un « objet ». Cyrille Borne insiste souvent et plus qu’à son tour sur cette image qui selon lui n’est pas assez « sexy ». Il y revient, une fois encore, dans un article récent :

    « Sans vouloir donner l’impression d’être un barbu qu’on sait que je ne suis pas, force est de constater que le modèle debian, le plus radical possible, celui qui ne fait aucun compromis est celui qui fonctionne malgré un régime parfois spartiate et difficile à comprendre pour le grand public. De là à dire que pour poursuivre dans le libre et les difficultés inhérentes à 2011 il faut se Stallmaniser il y a un pas que je ne franchis pas, je ne suis pas prêt pour le look « So Sexy » Stallman. Difficultés évidentes, la crise n’est pas terminée, bien au contraire, et donner pour un logiciel libre ou donner tout simplement de son temps pour développer un logiciel libre sera peut être un luxe qu’on n’aura pas les moyens de s’offrir car il faudra consacrer son temps et son argent à autre chose. »

    Ce faisant, il véhicule ou induit deux trois lieux communs qui sont à mettre au compte d’un déficit qu’il contribue, il faut bien le reconnaître, à produire : Debian serait sans compromis, spartiate, difficile à comprendre, investissement nécessaire, look effroyable. Ce que l’on peut ramener à trois arguments : radicalité, manque d’ergonomie et technicité.

    Je ne m’étendrai pas sur la radicalité du modèle Debian. Il faudrait pourtant la nuancer (les raisons du dépôt « non-free », par exemple, qui a longtemps été un point de rupture avec RMS).

    Pour ce qui est de la « technicité », je crois, pour être tout à fait honnête, que l’on touche à un point essentiel. Pour reprendre un argument de Pierre Bourdieu, on ne peut toujours tout réduire au plus simple. Pourtant, c’est sur ce point qu’Ubuntu, ou Mint dans sa suite, font, d’une certaine manière, « avancer les choses ». Je mets des guillemets parce que je suis convaincu que, sur bien des points, les orientations d’Ubuntu ne sont pas les meilleures. Quand je dis qu’Ubuntu ou Mint font avancer les choses, je veux dire qu’elles contribuent à changer/modifier l’image que le « public » (je ne dis pas le « grand public ») se fait de (GNU) « Linux ».

    Le « mythe fondateur » sur lequel l’image de « Linux » a été construite est, à peu de choses près, celui sur lequel Cyrille appuie en permanence. La construction d’un nouvel édifice suppose la destruction du monument en place. Et, comme Cyrille le montre, nous en sommes « étroitement solidaires » par la communication, pour reprendre l’argument de truffo, que nous faisons autour de cette édification, le récit que nous en faisons quotidiennement (et le lobbying en fait partie). En réalité, nous sommes de très mauvais démonstrateur, non parce que nous n’avons pas le look de l’emploi, mais parce que notre récit n’est pas assez efficace au regard de l’artillerie que déploie les M$ ou les Google. N’avez-vous pas vu dans les couloirs du métro, les gares SNCF, etc., les affiches pour « Google Chrome ». Impressionnant. D’une simplicité effarante.

    Si le « logiciel libre » ne marche pas, comme tu le dis Philippe, c’est parce que nous ne grandissons pas avec ou alors le système de références qui s’y rattache est celui d’une technicité confirmée par un bon nombre de nos « co-religionnaires ».

  5. Bardamu dit :

    Je suis en accord total avec cet article. Je vais tenter d’y apporter quelques pistes de réflexion comme mes camarades:

    > Le logiciel libre, c’est un ensemble de valeurs mais ce n’est pas une marque. Une marque forte est un outil indispensable à la popularité des logiciels libres. Pourquoi ne pas créer une marque « libre » dans le sens où n’importe qui peut l’utiliser pour peu qu’il respecte certaines conditions?

    > Ubuntu a déjà créé son magasin d’applications. C’est un de ces points forts (je parle en tant qu’utilisateur). Il faut laisser la possibilité aux utilisateurs des autres plate-formes de comparer (et là, le coté free beer sera sans doute déterminant) et déployer ce genre d’outil agrégatif sur Windows et Mac OSx.

    Mais ces deux pistes induisent une troisième piste, plus globale :

    > Sans l’imposer aux développeurs, quid d’une charte ergonomique/graphique pour le logiciels libres qui donnerait de la cohérence aux deux idées ci-dessous?

    …Mais peut-être cela existe-il déjà.

  6. Philippe dit :

    En fait, je vois les logiciels libres plus comme des socles pour développer des services/solutions (dans l’esprit « libre » de préférence). Un point important à ne pas oublier c’est la contribution retour qu’il faut inclure dans son projet. Si on se contente de prendre, on tut la poule aux oeufs d’or…
    @Bardamu : « Sans l’imposer aux développeurs » : sous-entendrais tu l’existence d’une dictature des codeurs 🙂 ?

  7. Changaco dit :

    Pour moi la solution n’est pas du côté du grand public mais des professionnels. Comme dit plus haut je pense qu’un des plus gros problèmes reste la vente liée.

    @Christophe:
    Si tu suggères que de la publicité pour des logiciels libres dans l’espace public serait une bonne chose, je m’y oppose, étant contre la publicité non-sollicitée.

  8. Christophe dit :

    @Changaco : Non je ne suggère nullement que la pub est une bonne chose. Je dis seulement que les affiches pour Google Chrome auront un effet indéniable. Un logo, un slogan simple. Et ric rac, c’est plié. Z’ont pas dû perdre trop de temps à réfléchir à la question. Mais ça me semble bougrement efficace pour marquer les esprits. Encore une fois, je ne dis pas que c’est bien ou bon, juste efficace.

  9. David dit :

    En ce qui concerne Mme michu, comme beaucoup l’ont dit, le fait que la DGCCRF ait laissé en toute impunité Microsoft pratiquer illégalement la Vente liée, a permis a cette dernière d’asservir des millions de personnes à sa cause. Ce sont devenus des habitués, presque esclave d’utiliser l’OS Windows, même si bien souvent ils galèrent.

    Pour ma part, j’ai installé de nombreux OS Ubuntu chez M. et Mme Michu, par chance, la plupart débutait sur leur PC, ils n’ont donc pas eu le temps de s’habituer à Windows.

    Après plusieurs années de pratique, aucun n’est venu me solliciter, sa roule pour eux 🙂

    La seule chose que je leur ai déconseillé, c’est la mise à niveau, car faut bien admettre que ça reste la bête noire d’Ubuntu.

    Sinon les subtilités de l’open source et du logiciel libre ne sont pas toujours facile à intégrer.
    Par exemple VLC qui est sous licence GNU/GPL. C’est apparentée à un logiciel libre ou à de l’open source, sachant que cette dernière englobe ces licences ?

    Un ami m’avait fait cette réponse :
    «Les logiciels libres sont à licence GPL et LGPL tel que publié par la FSF…

    Les logiciels open-sources (source ouverte : code source disponible) incluent les logiciels libres (GPL, LGPL) mais pas que.
    Les différences sont très subtiles et d’ordre idéologique cela dit…»

  10. Changaco dit :

    David soulève un problème qui n’est pas explicitement cité dans ma liste, celui des mises à jour. Je ne connais aucune distribution GNU/Linux capable de gérer les mises à jour «sans» risque.

    Je pense qu’il faudrait adapter le modèle rolling-release au grand public, c’est à dire des mises à jour en continu tout en s’assurant que si une d’entre elles pose problème l’OS est capable de se réparer en revenant en arrière, et de rapporter l’erreur sinon elle a peu de chances d’être corrigée.

    Il me semble qu’Ubuntu, que beaucoup adulent pour une raison qui m’échappe, en est très loin.

  11. GMR dit :

    «des mises à jour en continu tout en s’assurant que si une d’entre elles pose problème l’OS est capable de se réparer en revenant en arrière»

    Si le problème de la mise à jour est pertinemment posé par David, le même David (coucou David 😉 te répondrai que ce souhait aussi simplement formulé n’est tout simplement pas possible sur le plan technique !!

    Sans être techniciste et pour résumer, il n’est pas possible de garantir que la transformation inverse d’une mise à jour soit toujours réalisable (e.g. les nouveaux formats de configuration pour une appli). Ou alors, pour chaque incrément de mise à jour, il faut sauvegarder l’état intégral du système (ça ok) mais également connaître _a priori_ le test qui permet de déterminer qu’une mise à jour pose ou pas effectivement un problème (et ça, le génie logiciel en est encore très loin!)

    Ce n’est tout simplement pas « imaginable ».

    L’erreur « naturelle » que chacun réalise lors d’une mise à jour graduelle/incrémentale, c’est d’oublier que si Ubuntu (par exemple) garanti (hmmm) la cohérence d’une version donnée, _aucune garantie_ n’est jamais donnée sur la transition entre deux versions ! (parce que cette garantie n’existe même pas pour deux versions d’une même appli).

    Bref, le dist-ugrade devrait être interdit. 🙂

    PS : Perso, après une install, je vire tout ce qui permet à l’utilisateur de mettre à jour inconsidérement. Et si je pouvait, j’éliminerai apt-get. (au moins temporairement)

  12. Changaco dit :

    @GMR:
    Je n’ai pas dit qu’il fallait que l’OS détecte les erreurs à la mise à jour, juste qu’il soit capable de revenir en arrière quand l’utilisateur constate un problème.

    La meilleure façon serait de sauvegarder les fichiers des applications qui vont être mises à jour, mais à ma connaissance il n’y a aucun moyen sûr et automatique d’obtenir la liste de ceux-ci. Je pense notamment aux fichiers de conf dans ~.

    La seule solution semble donc être de traquer tous les fichiers. Je ne sais pas si les fonctionnalités de snapshot de certains FS seraient adaptées à cela.

  13. David dit :

    GMR : « Et si je pouvait, j’éliminerai apt-get. (au moins temporairement) »

    Si le fichier d’origine sources.list n’est pas modifié, y’a quasi aucun risque. Au contraire, le apt-get reste une valeur sûr pour l’installation des logiciels.
    Le problème est aussi au niveau des «drivers» propio tel que nvidia qui peuvent lors d’une mise à niveau te faire perdre purement le signal de ton écran.

    Changaco : « qu’il soit capable de revenir en arrière quand l’utilisateur constate un problème. »

    Bon sang, j’en parle souvent à mes proches… Est-ce si complexe d’implémenter cette possibilité ?

    Surement, car je pense qu’ils l’auraient déjà fait. La solution de prévention reste de mise pour le moment.

  14. GMR dit :

    Euh…

    @Changaco & @David : l’expérience montre qu’en toute généralité, l’«utilisateur» est généralement (au choix) :

    * incapable de détecter un problème de manière immédiate (mal formulé : un problème n’est pas nécessairement détectable de manière immédiate après une maj)

    * incapable de se souvenir ce qui l’a conduit à constater un problème (« je te jure que j’ai rien fait »)

    (Par curiosité, vous êtes confrontez à combien d’utilisateurs différents par jours, en moyenne ? Votre perception du problème me semble idyllique…)

    @David : sans toucher au source.list donc, peux-tu tenter sur n machines, la commande :
    (après apt-get clean)

    dpkg -l | grep ^ii | awk ‘{print $2}’ | xargs apt-get install –reinstall

    (en gros, je redemande la réinstallation des paquets installés sur une machine donnée).

    Faire de rapport entre nombre de succès et nombre d’échec… 😉

    @Chancago : une méthode pour aborder la gestion du ~, c’est de faire un cron qui scrute les fichiers modifiés très régulièrement, d’exclure les fichiers non pertinents et de coupler ça avec un snapshot basé sur rsync par exemple, pour reconstituer un mécanisme à la time-machine sur les fichiers de conf/paramétrage…

  15. David dit :

    Ba oui on est d’accord, la mise à niveau, ce n’est pas encore ça pour un utilisateur lambda.

    Pour le conseil du rsync, excellent, je le fais pour mes serveurs, je n’y avait pas pensé pour mon PC, dans le sens inverse. 🙂

  16. Changaco dit :

    @GMR:
    Comme précisé précédemment, je ne dis pas qu’il faut détecter le problème immédiatement après la MÀJ. Bien sûr si on met trop longtemps à le détecter ce sera potentiellement plus long à réparer puisqu’il faudra peut-être revenir plusieurs versions en arrière, et encore pire si l’on a supprimé les sauvegardes la seule chose à faire est de supprimer la configuration, et si ça ne suffit pas, d’essayer d’anciennes versions du logiciel.

    Bien sûr il ne faut pas faire ça au moindre petit bug, mais seulement si l’application ne démarre pas ou est inutilisable, ce qui serait laissé à l’appréciation de l’utilisateur.

    Pour ~ c’est exactement ce que je disais, on ne peut qu’essayer de deviner, par exemple en se disant qu’un fichier de conf est petit, qu’il est en général caché, etc.

  17. lauraneb dit :

    pour ma part, je travaille souvent avec les logiciels libres ou open source. sans vouloir précher pour ma paroisse de designer et d’ergonome, par experience avec les codeurs, l’utilisateur en tant que client, ses besoins réels, ses envies sont souvent évacués par les codeurs, ce qui en vient à des interfaces peu reluisantes et des procedures parfois si compliquées ou alambiqués, qu’elles rebutent l’utilisateur…
    l’utilisateur n’a pas la tournure d’esprit necessaire pour faire du code et ce n’est généralement pas sont but : il veut utiliser un outil, vite et bien avec le moindre effort…
    j’en veux pour preuve que la vente d’ordinateur n’a décollé qu’à partir du moment ou une interface avec un langage simple et commun a été mis en place : windows… ce n’est pas l’informatique qui a fait le succes de microsoft, mais microsoft qui a fait le succes de l’informatique, quelque soit les qualités réelles des dits logiciels…ensuite c’est la communication car on utilise que ce qu’on connait…

  18. Philippe dit :

    @lauraneb : tout à fait d’accord avec votre position quand à la dichotomie codeur/utilisateur. J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’y revenir peu plus largement ici :http://philippe.scoffoni.net/x-repetita-avenir-pour-logiciel-libre-propositions/

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