FreedomBox Foundation, une initiative pour communiquer en sécurité sur internet
La FreedomBox est un projet lancé tout récemment par Eben Moglen, le juriste barbu de la Free Software Foundation. L’objectif est de concevoir un système à base de logiciels libres destiné à vous permettre de conserver vos communications libres et privées que vous soyez en train de discuter avec vos amis ou de manifester dans la rue.
Il sera taillé pour fonctionner dans un serveur de type « plug ». Il s’agit de petit serveur tenant dans une sorte de grosse prise électrique et consommant très peu d’énergie. On peut citer le SheevaPlug à titre d’exemple, mais c’est loin d’être le seul. Le système sera basé sur la distribution GNU/Linux Debian.
Parmi les fonctions prévues, on trouve :
- Un réseau social décentralisé;
- Une sauvegarde de vos données automatiques dans un format chiffré sur les FreedomBox de vos amis ou associés;
- Une assurance pour la préservation de la neutralité du réseau : Si votre fournisseur d’accès internet commence à limiter ou interférer avec votre accès à certains services sur Internet, votre Freedom Box pourra communiquer avec celle de vos amis pour trouver une route afin d’acheminer votre communication;
- Un système de publication permettant de garantir l’anonymat de certaines publications et de leur transmission;
- Une protection de votre réseau local privé contre les intrusions, mais aussi contre les risques liés à l’usage de certains logiciels (Microsoft Windows est clairement cité);
- Une messagerie chiffrée;
- Communication vocale sur Internet chiffrée.
C’est loin d’être le premier projet de ce type. Si vous êtes un lecteur assidu du Planet auto-hébergement, vous avez déjà constaté qu’il existait plusieurs initiatives en la matière, mais aucune n’ayant à ce jour réellement abouti ou en tout cas ne s’étant largement diffusée.
La démarche est ici différente. Le projet est porté par un juriste, pas un informaticien. Eben Moglen a mis en place une fondation pour porter le projet et sa gouvernance. Une levée de fond est en cours pour financer le développement au travers du service KickStarter qui vise à réunir 60 000$. Une approche sur le modèle de Diaspora sauf que les fonds iront à une fondation et pas dans les poches de quatre étudiants.
Actuellement un peu plus de 20 000$ ont été collectés. C’est la Software Freedom Law Center d’Eben Moglen qui reçoit actuellement les fonds comme j’ai pu le constater en donnant 15$ au projet. Il reste encore un mois pour essayer d’atteindre l’objectif.
A l’heure où les révolutions obligent les états à couper l’accès de leur pays au reste d’internet pour empêcher les gens de s’organiser et communiquer avec les outils sociaux centralisés que sont Facebook, Twitter ou Google nous avons en tout cas là l’illustration parfaite de la nécessité du développement de ce type de solution.
Avec un réseau social décentralisé, c’est internet qu’il faut éteindre dans le pays tout entier avec toutes les conséquences que cela peut avoir pour les entreprises qui tentent encore de fonctionner, mais aussi pour les services de l’état qui tente de résister…
Est-ce la mort du cloud computing ? De mon point de vue non. La démarche d’Eben Moglen se positionne dans un approche militante et vise à fournir un outil permettant de contourner la surveillance du Net qui se généralise petit à petit dans nos pays.
Ce type d’outils transformera l’informatique dans les nuages en lui donnant une caractéristique totalement décentralisée pour le grand public et pourquoi pas les entreprises qui l’utiliseront. Vos données ne seront plus dans un des datacenter de Google mais dans les FreedomBox de vos amis.
Mais ce projet risque de rester un outil de militant ou de geek. Il restera toujours à résoudre l‘épineux problème de la généralisation et de l’adoption par le plus grand nombre de ce type d’outils.
«Mais ce projet risque de rester un outil de militant ou de geek. Il restera toujours à résoudre l‘épineux problème de la généralisation et de l’adoption par le plus grand nombre de ce type d’outils.»
Un début de solution: les cadeaux d’anniversaires.
Après tout, les geeks et les militants ont des amis et de la famille.
oui c’est une solution :-). Mais effectivement c’est une technique de cheval de Trois que l’on peut employer pour faire rentrer ces plug chez monsieur tout le monde…
Coïncidence, j’ai été amené aujourd’hui même à consulter la page d’Eben Moglen sur Wikipédia.
Mise à part cette sublime anecdote ultra passionnante qui intéresse tous le monde, l’article me plaît du moment qu’elle donne de l’espoir.
Une fois de plus pour nos libertés et le partage. Quelle soit « réservée » aux connaisseurs ou non, la solution existe. Vive les Gnous ! 🙂
Bonjour,
Je pense que cette nouvelle prend plus de sens lorsque l’on voit ce qui se passe dans les pays du moyen orient en ce moment.
A moins de fermer totalement les tuyaux, plus moyen de bloquer l’information.
Pierre
Je trouve l’idée vraiment intéressante, mais elle garde ses limites. En effet, avec un solution du genre on peut envisager de mettre en place un mesh réseau, mais la question reste l’accès à internet. C’est pas tout d’avoir un mesh qui peut communiquer ensemble, mais comment accéder à internet sans passer par un fournisseur? Il faut bien à un moment donné passer par un fournisseur pour accéder au web au sens large.
Enfin bon, je ne suis pas spécialiste en solution d’auto-hébergement, mais ça fait partie du point que je n’ai jamais pigé !
Ceci dit, que ce soit via le wifi, bluetooth, la prise électrique ou autre, c’est clair que c’est une super idée de partager sa connexion vers l’extérieur et avoir ainsi directement accès à ses voisins. Mais comme tu le soulèves clairement, ça marche mieux quand on a une utilisation à grande échelle :
Quand on habite dans sa campagne, avec pas une maison à moins de 5km à la ronde et un générateur pour fournir son électricité on est vite coincé pour participer à ce genre d’initiatives …
Bonjour,
Je rejoins tout à fait Greg : tu peux installer tous les pico-serveurs que tu veux chez toi, si ton FAI coupe ta connexion parce que l’état le lui demande « instamment », c’est mort.
Il ne suffit pas de maitriser certains noeuds, il faudrait aussi maitriser les connexions, et là, c’est une autre paire de manches !…
Cdt,
Niels
@Greg , Niels : Oui la coupure de tous les accès à internet est la censure ultime. Si la décentralisation est un objectif de ces serveur « plug », il ne faut pas oublier non plus l’objectif d’auto-hébergement de ces données personnelles. Car en cas de coupure de votre accès internet, elles seront toujours accessibles alors que si elles sont sur Google Doc ou autre, ce ne sera plus le cas…
@Niels et Greg: Pour ça il y a les connections sub-spaciales. 😉
@Korbe, peux-tu éclairer ma lanterne au sujet des connections sub-spaciales, jamais entendu parlé.
J’ai fait une brève recherche, mais en vain. Même sur Wikipédia c’est le trou noir.
Par avance merci 🙂
Zut, c’est vrai, j’avais oublié les connexions sub-spaciales, suis-je bête quand même !… 😎
L’idée est franchement séduisante, mais quid des données persos si mon petit serveur crash ? Parce que c’est surtout ca, le gros avantage des clouds: le stockage est fiable.
@Anne,
Une petite sauvegarde de temps en temps sur un disque externe me semble une solution correcte et pas chère…
Cdt,
Niels
@Anne et Niels, si j’ai bien compris il est prévu de pouvoir sauvegarder ces données de façon automatique et chiffrée sur les FreedomBox de ces amis. Je pense qu’on peut en déduire qu’il suffira de redonner ces identifiants et mot de passe pour pouvoir récupérer auprès de ces derniers ces données. ON peut voir cela comme une forme de sauvegarde réparti où chacun prête une parti de son espace de stockage pour les sauvegardes des autres…
Au niveau sauvegarde, je suis plus de l’avis de Niels… D’ailleurs je le fais quotidiennement pour mes serveurs dédiés (sur un dd externe de 1To)… rsync est notre ami pour ça 😉
Il ne faut jamais oublier que la liberté réclame toujours son du .
Si on est pas prêt à payer le prix ….
Je dit ça pour les Utopistes qui s’enflamme .
La liberté ça ce paye et pas en € ou $ etc
oui ben c’est aussi du cloud (on reparti et on chiffre les données sur le réseaux que ce soit chez google, chez Ubuntu , chez ovh ou ailleurs là c’est sur toutes les machines du web comme la techno peer to peer avec le chiffrement en plus et la redondance des données