Rencontre avec Pierrick Le Gall créateur de Piwigo

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PierrickPierrick Le Gall est le créateur du logiciel de galerie photo Piwigo que je vous ai présenté récemment. Il a bien voulu répondre à quelques questions notamment autour du service en ligne Piwigo.com et de son modèle économique.

Philippe : Pierrick, quand as-tu lancé le projet Piwigo et pour quelles raisons ?

Pierrick : A l’automne 2001, j’ai acheté mon premier appareil photo, un compact numérique. J’étais alors étudiant à l’INSA de Lyon, en avant-dernière année au département informatique. Je codais un peu en PHP/MySQL à l’époque et je me suis dit que ce serait sympa de créer ma galerie photo personnelle pour partager mes photos avec mes parents que je voyais rarement à cause de l’éloignement géographique. Je n’ai alors pas cherché d’outil « tout fait » (alors qu’il en existait).

En parallèle j’ai monté un forum sur l’intranet de mon école et j’ai utilisé phpBB qui était à l’époque la solution la plus populaire. Inspiré par phpBB, je décidais de distribuer ma galerie photo comme un logiciel libre sous licence GPL. PhpWebGallery 1.0 est sorti pendant mes vacances de Pâques en 2002, c’était il y a 9 ans.

PhpWebGallery deviendra Piwigo en février 2009, mais il s’agit exactement du même projet.

Philippe : Combien de personnes contribuent-elles au projet aujourd’hui ? Y travailles-tu à plein temps ?

Pierrick : Il y a une cinquantaine de membres dans l’équipe en considérant les développeurs, les traducteurs, ceux qui font du support, ceux qui sont en charge de la documentation. Selon les disponibilités et l’envie, certains membres de l’équipe sont partis, d’autres nous ont rejoints.

Mais le cercle des contributeurs et bien plus large que l’équipe, car il faut y inclure les développeurs de thèmes et de plugins, soit une centaine de personnes pour près de 400 extensions.

Je travaille à plein temps sur Piwigo depuis janvier 2010. J’ai quitté mon poste de salarié pour concrétiser mon projet « entrepreneurial » autour de Piwigo. La difficulté étant bien sûr de trouver un modèle économique viable et compatible avec les principes du logiciel libre.

Philippe : Connais-tu le nombre approximatif d’utilisateurs de Piwigo ?

Pierrick : Non, car il n’y a pas de « mouchard » dans Piwigo. Il y a environ 7000 abonnés à la newsletter qui se sont volontairement inscrits et environ 20000 téléchargements par mois, ce qui ne comptabilise pas les installations automatiques proposées par de nombreux hébergeurs.

J’estime qu’il y a au minimum 50,000 galeries Piwigo à l’heure actuelle, sans doute bien plus mais c’est impossible à définir.

Piwigo est notamment utilisé sur des intranets d’entreprise pour diffuser les photos « corporate » ou les évènements internes à l’entreprise, ou alors des agences photos qui montrent les photos à leurs client via Piwigo, en privé.

Philippe :  S’agissait-il à l’origine d’un projet « passe-temps » qui s’est transformé en un projet professionnel par la mise en ligne de piwigo.com ?

Pierrick : Oui c’est tout à fait cela. En 2002, j’étais loin d’imaginer Piwigo.com. Je pense que j’ai commencé à y songer fin 2005, non en fait j’en suis sûr : je me souviens très bien avoir fait un brouillon de l’architecture à mettre en place à cette époque. Mais j’ai eu l’opportunité de rentrer dans une startup en 2006 (Talend) et je n’étais pas encore prêt à me lancer dans la création d’entreprise. Mon passage chez Talend m’a beaucoup appris et m’a permis de relancer l’idée du projet Piwigo.com après quelques années de pause.

Philippe : Si tu devais donner les quatre raisons principales pour lesquelles les internautes devraient utiliser le service web Piwigo, quelles seraient-elles ?

Pierrick :

  • Personnalisable. Chaque galerie Piwigo.com est indépendante, elle possède sa propre identité, avec son thème, ses plugins, sa bannière, etc. Un utilisateur n’est pas qu’un compte noyé parmi des millions sur un site ayant une identité graphique unique.
  • Non verrouillage du client. Le client n’est pas captif, il peut à tout moment récupérer non seulement ses photos mais aussi tout le contenu de son compte Piwigo.com avec la base de données. Il peut ensuite installer un Piwigo sur n’importe quel autre hébergeur, sans n’avoir rien perdu, ni les commentaires des visiteurs, ni ses statistiques de visites, ni ses personnalisations.
  • Respect de la vie privée. Nous avons choisi un modèle payant, car nous ne souhaitons pas monétiser les données personnelles de nos utilisateurs (et aussi pour proposer la souplesse de l’illimité). De plus, nous ne forçons pas vos visiteurs à avoir un compte sur tel ou tel réseau social aux conditions d’utilisation opaques ou autre moteur de recherche pour voir vos photos privées.
  • Confortable. Nous gérons les mises à jour, les sauvegardes et en cas de question, il suffit d’envoyer un email privé au support (de nombreux utilisateurs n’osent pas poser une question sur un forum public de peur d’être « renvoyé au manuel » par exemple).

Philippe : Monter une offre concurrente aux Flick, Picasa WebAlbums et autres Facebook ce n’est pas un peu illusoire ? Qui plus est une offre payante ?

Pierrick : C’est une vision pessimiste :-/ Quand Matt Mullenweg, co fondateur de WordPress, a lancé WordPress.com en 2005, il était face aux services concurrents de Google ou de Microsoft. En 2010, Microsoft a cessé sa plateforme de blog et encouragé ses utilisateurs à passer sur WordPress.com grâce à un système de transfert automatique. Je considère que c’est un signe encourageant pour un service web basé sur un logiciel libre et communautaire, non ?

Concernant l’aspect « payant » : contrairement à une certaine croyance populaire, Flickr et Picasa Web Albums ne sont pas gratuits mais proposent une offre limitée (très limitée dans le cas de Flickr) gratuite. De plus, tu ne cites que les énormes pointures du web (Facebook, Yahoo avec Flickr, Google avec Picasa Web Albums) mais il existe des alternatives payantes qui marchent très fort comme SmugMug ou Zenfolio.

Les utilisateurs ne sont pas aveugles ou naïfs, ils savent que rien n’est vraiment gratuit. Soit ils donnent quelques euros avec leur compte en banque, soit ils donnent leurs informations personnelles à la place, que le service se charge de monétiser. L’utilisateur a le choix et c’est une bonne chose. Sans être exagérément optimiste, je pense que de nombreux utilisateurs ne souhaitent pas donner leur informations personnelles à la place de quelques euros.

Si on compare Piwigo.com à un hébergeur classique sur lequel on installera Piwigo par ses propres soins, alors Piwigo.com n’est pas cher du tout. D’ailleurs on reçoit régulièrement des demandes pour importer un Piwigo existant sur un compte Piwigo.com.

Je trouve dommage que les 3 géants cités soient orientés « réseau social ». Ce type de site est à la mode et offre des avantages indéniables, mais ils ne sont pas non plus la solution unique à tous les besoins. Il existe encore de nombreux utilisateurs du web qui veulent un site qui soit indépendant de ces systèmes centralisés gigantesques et impersonnels.

Piwigo logiciel libre de galerie photo pour le web

Philippe : Le service est-il déjà rentable ?

Pierrick : Le service payant vient de démarrer. Les rentrées d’argent du premier mois couvraient déjà les dépenses annuelles de location des serveurs et autres frais comptables… mais pas encore ma propre rémunération.

D’ailleurs ma rémunération n’est pas uniquement composée des recettes réalisées sur les abonnements mais également des prestations spécifiques que PigoLabs réalise.

Philippe : Pourquoi ne pas proposer d’autres services en plus que le simple hébergement ?

Pierrick : Nous en proposons, mais cela n’est pas le but de Piwigo.com. Piwigo.com est un service de la société PigoLabs que j’ai créé en 2010. PigoLabs ne propose pas encore officiellement une liste de services mais il arrive qu’on réponde à certaines demandes spécifiques de clients.

Il y a plusieurs autres services qui seront proposés bientôt ou qui sont à l’étude :

  • prestations spécifiques de développement, d’audit ou de conseils autour de Piwigo
  • formule « maintenance et support » où le client héberge lui-même son Piwigo et il nous confie l’installation ou les mises à jour et dispose d’un support privé et dédié
  • formule VIP où chaque client dispose de son propre serveur dédié sur lequel tourne Piwigo

Il y a de la demande pour ce type de services et nous ne manquerons pas de les promouvoir mais pour l’heure PigoLabs se concentre sur Piwigo.com.

Philippe : L’informatique dans les nuages et les services web associés n’ont pas bonne presse aux yeux du père des logiciels libres Richard Stallman. Que penses-tu de sa position ?

Pierrick : Je pense que sa position est louable, et qu’il est bon que certains aient des avis aussi tranchés que les siens, cela permet au moins d’avoir un point de comparaison, un échelon de référence quand on veut savoir quelle est la position la plus libriste à l’heure actuelle.

J’ai une position davantage pragmatique. Je considère qu’un logiciel sans utilisateur est une perte de temps. La priorité est donc que le logiciel soit utile et utilisable, avant de penser à sa licence ou à son mode distribution, car c’est secondaire pour la majorité des utilisateurs. Il faut « démocratiser » l’utilisation des logiciels libres. Dans le domaine des systèmes d’exploitation, Canonical a travaillé sur l’interface utilisateur et la facilité d’utilisation pour pouvoir mettre Linux dans les mains de n’importe qui. Dans le domaine des applications web, WordPress a également fait cet effort et c’est indéniablement une réussite en terme de popularité. Piwigo fait le même effort depuis plusieurs années pour se populariser, se rendre plus facile d’utilisation et à la portée du plus grand nombre.

Mais la facilité d’utilisation ne fait pas tout, il faut déjà passer la première étape : l’installation. Pour une application web, Piwigo est facile à installer. Mais cela reste une application web, et il y a un minimum de connaissances exigées comme l’ouverture d’un compte chez un hébergeur ou la récupération de ses identifiants de connexion à la base de données. C’est loin d’être trivial, j’ai pu le constater lors de présentations au Salon de la Photo et même lors d’install party auprès de personnes plutôt « geek ».

Le service en ligne « clef en main » est la solution la plus facile donc la plus accessible. Elle ne requiert qu’un formulaire (nom, mot de passe, adresse email) pour obtenir une application prête à l’emploi.

C’est ce que fait WordPress avec WordPress.com, Drupal avec DrupalGardens et maintenant Piwigo avec Piwigo.com. Grâce à ce principe, on permet l’utilisation de logiciels libres à un public bien plus large, qui n’avait alors le choix qu’entre des services qui les enfermaient. Au final, je suis convaincu que l’utilisateur y gagne pour sa liberté.

Philippe : Serait-il envisagé de faire une PiwigoBox pour que les particuliers puissent simplement héberger et partager leurs photos à leur entourage ?

Pierrick : Ce n’est pas encore envisagé et il me semble peu probable que PigoLabs soit le moteur principal pour un tel produit. Cependant cela serait une idée de partenariat avec un distributeur de « box » qui embarquerait Piwigo.

Philippe : Merci encore Pierrick pour le temps consacré à répondre à mes questions !

Texte de l’interview placé sous licence CC-BY-NC-SA

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

8 réponses

  1. clem dit :

    Interview intéressante et je trouve que le projet Piwigo est positif pour le logiciel libre, même si je me pose des questions sur Piwigo.com, la société commerciale.

    Je comprends que dans l’autre billet Bonob0h n’a pas obtenu de réponse étant donné le ton condescendant qu’il a utilisé, il a cependant soulevé un point qui mérite quelques explications : est-ce que le fait de commercialiser un produit réalisé bénévolement par d’autres n’est pas un peu « limite » ? ou plus simplement, comment est perçu le site Piwigo.com par ceux qui crééent Piwigo et tous ses greffons ?

    En tout cas, le nombre de participants est assez impressionnant pour ce type de projet et surtout la longévité (9 ans si je compte bien) est un signe très positif. Tiens d’ailleurs, est-ce que si j’ai installé Piwigo en 2002, je peux le mettre à jour avec sa version 2011 ?

  2. Bonjour clem,

    Merci pour les encouragements. Je commence par la question facile sur la mise à jour d’une galerie Piwigo version 2002 à la version 2011 : pas en une seule étape, mais c’est faisable sans rien perdre. Pour migrer de la version 1.0.0 à la version 2.2.1, il va falloir d’abord passer par la 1.4.0 puis directement vers la 2.2.1 en suivant le guide de mise à jour manuelle : http://fr.piwigo.org/basics/upgrade_manual (les mises à jour suivantes pourront se faire avec le système automatisé qui ne requiert que quelques clics).

    Maintenant la question plus « compliquée » : en effet, il n’est pas toujours simple de mêler argent et logiciel libre surtout quand il s’agit d’un développement « communautaire » comme Piwigo. Je commence par rappeler quelques faits. Bien avant Piwigo.com, il y avait déjà des exploitations commerciales de Piwigo :

    1) des hébergeurs qui proposent du « Piwigo Hosting » par des « experts Piwigo » (bien qu’on ne les connaissent pas et qu’ils n’ont probablement jamais mis les pieds sur le forum).

    2) une ancienne contributrice d’extensions qui propose de l’hébergement Piwigo « forké » sur serveur dédié (à des tarifs au minimum 20 fois plus élevés que Piwigo.com), à savoir http://www.thewidegallery.com J’ai discuté avec elle en privé sur nos positionnement relatifs (note : elle a forké PhpWebGallery, mais c’est pareil que Piwigo).

    3) des indépendants qui réalisent des prestations payantes sur Piwigo (notamment des membres de l’équipe).

    4) des milliers de photographes professionnels qui utilisent Piwigo pour présenter leurs photos et les vendre. Certes le rapport est plus indirect, mais ils l’utilisent dans un cadre commercial eux aussi.

    Donc pour résumer : il existe déjà, et depuis longtemps, un écosystème commercial autour de Piwigo. La licence GPL le permet, et c’est très bien comme ça. En tant que fondateur, je me réjouis de cette situation, c’est un excellent signe. Cela montre que le projet a atteint la maturité suffisante pour dépasser le cadre de l’amateurisme.

    Concernant Piwigo.com, j’ai demandé leur avis aux membres de l’équipe Piwigo avant de me lancer et tous les avis étaient favorables, avec pour certains le souhait explicite que le projet reste libre et qu’il garde ses « valeurs ». De plus, j’ai proposé à certains membres « anciens » et  » toujours actifs » de prendre des parts dans la société, je ne suis donc pas propriétaire à 100% de la société.

    La différence avec un hébergeur lambda qui propose de l’hébergement Piwigo, c’est que Piwigo.com contribue très activement à Piwigo : il n’y a pas d’amélioration spécifique pour Piwigo.com qui ne soit pas reversée dans Piwigo. Piwigo.com a une cible un peu différente de celle de Piwigo.org : l’absence de pré-requis technique voit arriver des profils moins « geek », ce qui force Piwigo à devenir plus facile à utiliser. Et cet effort de simplification profite à tout le monde. Très sincèrement, je considère que Piwigo.com profite autant de Piwigo que Piwigo profite de Piwigo.com : le succès de l’un entraîne le succès de l’autre, et vice-versa.

    Avec un peu plus de recul par rapport au projet Piwigo, je voudrais dire que oui, la question de l’argent est délicate dans un projet libre et communautaire, mais qu’il faut être réaliste et pragmatique. J’ai travaillé des années dans l’édition de logiciel propriétaire en parallèle de mon travail sur Piwigo, n’était-ce pas hypocrite de prôner le logiciel libre alors que le logiciel propriétaire payait mon loyer ? Le logiciel libre doit il s’arrêter là où le « business » commence ? Je ne le crois pas. Je trouve cela plus sain de mettre en place des modèles comme Piwigo.com, WordPress.com ou Drupal Gardens (ou de faire payer des prestations spécifiques).

  3. ddtddt dit :

    Bonjour clem,

    Je m’appelle Damien Thomas (ddtddt sur le forum Piwigo), je participe à Piwigo depuis 2007, essentiellement au support et je coordonne l’effort de traduction. Je suis également le président de l’association Piwigo.

    Je te signalerais juste en réponse que le projet libre a également besoin d’argent pour continuer à exister et qu’il ne faut pas que l’argent soit un tabou car on en a tous besoin !

    piwigo.org comme les autres car l’association qui est derrière a des frais comme les noms de domaine et l’hébergement qui ne sont pas négligeables pour que le site reste fluide.

    La mise en place d’offres commerciales autour de Piwigo est pour moi un plus qui participe au développement du projet. Cela permet de faire connaitre Piwigo à plus de monde. Des professionnels qui proposent de l’installer contre rémunération pour des clients utilisent également le travail des bénévoles mais permettent aussi à de nouveaux visiteurs de ces sites de voir Piwigo en action et pourquoi pas de devenir à leur tour contributeur que ce soit pour le dev ou la trad.

    La mise en place de Piwigo.com et le passage de Pierrick à plein temps dessus à aussi pour conséquence qu’il passe plus de temps sur le script libre pour le bien de tous les utilisateurs et l’apparition de nouveau contributeur. Je donnerais simplement comme exemple le traducteur letton, utilisateur de Piwigo.com, qui à traduit toutes l’interface et presque tous les plugins et thème de Piwigo.

    Donc ma réponse simple et claire : non ce n’est pas « limite » c’est même une opportunité pour piwigo.org de s’améliorer.

  4. Bonob0h dit :

    @ Clem

    Si si il y a eu réponse et réponse a réponse 😉 mais un peux de modération n’a pas fait de mal 😉

    Sinon j’étais gentiment sarcastique et hautain, vu la première réponse de l’interviewé dès le premier commentaire … qui visiblement ne lui a pas pas fait plaisir 😉

    Mais que veux tu chacun son style … Cf commentaire sur l’article de Philippe sur les Trolls … aux plats discours formatés qui n’ont de volonté que de noyer le poisson, il faut bien un brin de provoc pour faire réagir 😉 on appel ça secouer le cocotier et voir ce qui en tombe 😉

    Du reste dans sa réponse l’interviewé à semble t il zappé de répondre au point auquel tu fais référence …

    Pour répondre a ton interrogation, c’est plus que limite car le cas échéant ça peut en l’état virer au pénal ( article L 324-9 et suivant du code du travail en France sachant qu’il y a des lois similaires dans la quasi totalité des pays ) si quelqu’un se rebiffe et prend la peine de faire les choses correctement.

    Du reste c’est aussi une des raisons qui me fais souvent remettre en question le Libre dans son modèle économique actuellement majoritaire, pour qu’il y ai plus d’éthique, d’équité et bien sur moins de dérives économiques

    … et ce d’autant plus en le mettant moi même en place dans ce que je développe … (suivre le lien de mon profil )

    Reste que le modèle actuel … en arrange beaucoup

    Et bien sur JE suis dans ce cas dénoncé comme LE TROLL hautain etc 😉

  5. Philippe dit :

    @Pierrick : L’écosystème que tu décris montre effectivement qu’il y a création de valeur (au sens monétaire) autour de Piwigo et c’est effectivement plus que souhaitable.
    Personnellement le cas de Piwigo.com ne me dérange pas du moment que cela permet à Pierrick de gagner sa vie normalement et de travailler à plein temps sur Piwigo et de faire profiter tout le monde des évolutions. Tant qu’il y reversement à la communauté je dirais que tout va bien. Mais c’est loin d’être la cas tout le temps…
    Si on s’attarde au point 4, Piwigo permet à ces photographes de créer de la valeur en mettant en ligne leur photo. Il serait donc normal qu’une parti de cette création de valeur profite à l’ensemble des contributeurs à l’aune de leurs efforts. Quel est la part de valeur qu’il reverse ?
    C’est ce qui me fait penser qu’une partie des contributeurs sera toujours privé d’une partie de ses gains. Voir que le contributeur principal comme toi soit obligé d’avoir une activité en parallèle du développement du logiciel.
    Mais ça dépasse bien largement le cadre de Piwigo c’est valable pour la quasi-totalité des logiciels libres.
    Nous restons dans un monde fondamentalement pyramidal et la pyramide de création de valeur est à l’inverse de celle de ceux qui contribuent. C’est un problème de société et la nôtre n’est pas vraiment faite pour les logiciels libres. Alors, il faut contourner et chercher d’autres pistes.
    Le problème n’est donc pas dans la commercialisation pour répondre à clem, mais dans la répartition de la création de valeur. De ce point de vu là, je serais tenté de dire que le système actuel est limite…

  6. @clem, petit complément de réponse sur la question :

    > commercialiser un produit réalisé bénévolement par d’autres n’est pas un peu “limite” ?

    Pour être précis, Piwigo.com ne commercialise pas Piwigo. Piwigo.com commercialise un service d’hébergement de galerie photo, basé sur Piwigo. Ce que l’on fait payer, ce n’est pas l’utilisation de Piwigo, c’est le stockage des photos, la bande passante utilisée, le « confort » des mises à jour et installation automatiques, les sauvegardes automatiques et le support (ne pas le négliger car certains clients ne nous choisissent que pour ça à mon avis, c’est bête à dire mais quand on n’est pas informaticien, faire régler ses problèmes d’informatique par quelqu’un d’autre, c’est confortable). Bref tous les « services » qui gravitent autour d’une galerie photo web.

    Comme nous aimons à le rappeler, Piwigo.com ne cherche pas à verrouiller ses clients : vous êtes libres de récupérer vos photos et votre base de données pour déménager votre Piwigo ailleurs, en gardant les mêmes fonctionnalités, simplement en changeant de prestataire pour le service d’hébergement. Par rapport à bon nombre de concurrents, je trouve que ça change tout.

  7. @Philippe

    > […] point 4 […] photographes […] Quel est la part de valeur qu’il reverse ?

    Pour être clair, la valeur qu’ils reversent n’est que rarement financière. Je ne dis pas que l’association Piwigo n’a jamais reçu de don de la part d’un photographe pro (ce serait faux) mais c’est un micro pourcentage par rapport à la quantité d’utilisateurs.

    Note : un don à l’association, ça fait « une belle jambe » aux développeurs, ça ne lui paie pas sa facture d’électricité, ça permet juste de faire vivre le projet Piwigo et indirectement ça permet espérer des retombées financières plus indirectes.

    Je vois la valeur qu’il reverse autrement que sous l’aspect financier. Un photographe pro, que l’on peut imaginer avec une superbe collection de photos, aura d’autant plus de visibilité sur le web. Grâce au lien « Propulsé par Piwigo » en bas de ses pages, il reverse d’une certaine manière une partie de sa visibilité à Piwigo. Même sans action particulière de sa part, il « fait connaître » Piwigo. Bien sûr, c’est encore mieux s’il parle de Piwigo sur son blog ou sur des medias sociaux comme Facebook ou Twitter.

    D’autre part, il n’y a que les pros (agence ou indépendant) qui sont susceptibles de faire une demande de prestation payante. Pour parler simplement : le pro va demander une nouvelle fonctionnalité, et il est prêt à payer pour qu’elle réponde précisément à son « cahier des charges » et dans son délai. Si le développeur de plugin ne gagne pas directement d’argent en créant un plugin, il gagne en visibilité à l’échelle du projet Piwigo et il est donc bien placé pour répondre à l’appel d’un client pour ce genre de développement spécifique. Ce n’est pas que de la théorie, cela se passe ainsi dans la pratique. Des fois nous recevons (l’association) ce genre de demande, et selon la nature de la demande, on transmet à tel ou tel contributeur.

    > partie des contributeurs sera toujours privé d’une partie de ses gains. Voir que le
    > contributeur principal comme toi soit obligé d’avoir une activité en parallèle du
    > développement du logiciel.

    Oui, c’est comme ça que ça se passe dans la vraie vie au delà du « ce serait mieux si ». Si l’unique solution est de ne pouvoir faire du libre qu’en tant qu’activité secondaire, je trouve ça bien dommage. Si en plus l’activité principale consiste à faire du logiciel propriétaire, c’est encore plus paradoxal.

    L’enjeu est de trouver un modèle économique viable et qui soit compatible avec le logiciel libre, sans tomber dans le naïf « commercial = méchant ». Il faut être pragmatique.

    > ça dépasse bien largement le cadre de Piwigo […] monde fondamentalement pyramidal
    > et la pyramide de création de valeur est à l’inverse de celle de ceux qui contribuent
    > […] le système actuel est limite…

    Oui, si on sort complètement du cadre de Piwigo, à l’échelle mondiale, les riches profitent des pauvres, les consommateurs américains et européens exploitent indirectement la main d’oeuvre bon marché des pays en voie de développement en consommant par exemple des gadgets (comme des appareils photos ?) produits très loin de chez eux. Je suis d’accord pour dire que ce n’est pas très juste, mais ça ne résoud pas le problème et Piwigo n’est certainement pas vraiment fautif dans l’affaire !

  8. clem dit :

    Merci Pierrick pour les réponses et pour avoir replacé Piwigo.com dans « l’écosystème commercial autour de Piwigo ». En tant que « spectatrice », c’est difficile de se rendre compte de l’utilisation commerciale faite des logiciels libres (donc a priori gratuits). Comme le dit Philippe, s’il y a « reversement à la communauté » alors tout va bien.

    Je pense que j’ai bien saisi le principe de ce que commercialise Piwigo.com par rapport à Piwigo, j’avais pris un raccourci un peu rapide, désolée.

    Bonne chance au projet Piwigo ! (en espérant que Piwigo.com apporte autant de succès à Piwigo que réciproquement, comme le dit Pierrick)