TioLive, tour d’horizon d’un service en ligne libre pour les entreprises

Cet article a été publié il y a 14 ans 22 jours, il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

TioLive est une offre de location en mode hébergée (SaaS – Software as a Service) basée sur le logiciel libre ERP5. Comme son nom l’indique, il s’agit là d’un logiciel destiné aux entreprises.

Ce logiciel couvre les grandes fonctions d’une entreprise : achats, ventes, gestion des stocks, gestion de la production, de la chaîne logistique (SCM, Supply Chain Management) , des données techniques (PDM, Product Data Management) et des ressources humaines. A ces fonctions s’ajoute la possibilité de définir des workflow ou flux de travail. ERP5 est basé sur le framework Zope.

Il est donc possible de construire des applications adaptées aux spécificités d’une entreprise et de son activité. L’éditeur qui porte le projet ERP5 : Nexedi a ainsi construit une solution globale à l’intention des banques : ERP5 Banking.

Venons-en à TioLive.

Le service s’appuie sur le moteur de cloud computing libre Niftyname (projet Sinnzinn), hébergé par l’opérateur LostOasis. L’offre de service est simple et se décline en trois niveaux :

• Free : l’accès est gratuit pour un nombre d’utilisateurs illimité et une capacité de stockage de 100Mo. Attention dans cette version vous ne disposez pas de la fonction de sauvegarde qui est proposée à 10€ par mois.
• Premium à 49€ par mois qui porte la capacité de stockage à 10Go et inclus des services de sauvegarde et d’accès mobile. Le support dispose ici d’un niveau de service permettant de bénéficier d’une réponse sous 8 heures ouvrables.
• Dedicate est le niveau proposé pour ceux qui souhaitent du « sur-mesure ». Donc pas de prix pour cette solution. L’hébergement se fait dans ce cas sur un serveur dédié et le niveau de service du support passe à 4 heures 24h/24h et 7jours/7. Il s’agit là du niveau que retiendront les grandes entreprises.

Il y quelques différences de fonctionnalités : pas gestion des approvisionnements, des paies ou de projets pour les offres Free et Premium par exemple. Mais les grandes fonctions : comptabilité, gestion de la relation client, gestion des produits, commerce et gestion électronique de document sont disponibles.

Compte tenu de l’absence de la fonction de sauvegarde dans la version gratuite, je la déconseillerais pour un usage en production. Il vous en coutera donc au minimum 10€ par mois pour réellement utiliser ce service. A ce jour le service compte plus de 7500 inscrits.

A quoi cela ressemble-t-il ?

Comme j’aime bien toucher les choses avant d’en parler, j’ai ouvert un compte Tiolive. Le processus d’inscription et simple. Une fois les démarches administratives faites (il faut fournir un Kbis), la mise en place de son instance est rapide.

Petite anecdote qui ravira les libristes, le message d’inscription que l’on reçoit précise :

Veuillez noter que TioLive ne supporte pas le navigateur Internet Explorer.
Veuillez s’il vous plaît utiliser à la place le navigateur libre Firefox.

L’interface est relativement « brut » mais c’est de l’efficacité que l’on attend de ce type d’application. Pierre, lecteur de ce site et serial testeur de logiciels de gestion pour les besoins de sa petite entreprise a bien voulu me faire un compte-rendu de son test « en réel » de Tiolive.

Le site est agréable et facile à naviguer. On trouve rapidement toutes les informations désirées. De même pour la documentation à télécharger en français en PDF. Très bien faite. Lorsqu’on arrive de prime abord sur l’interface, on est un peu perdu. Par où commencer ? On a en effet un bandeau avec deux listes déroulantes : mes favoris et Modules. Bon, pas avancé pour autant. En dessous, des onglets. En cliquant dessus, on commence à comprendre.

Et là on décide de se plonger dans la documentation pour gagner du temps, car les noms ne sont pas intuitifs. Par exemple, une facture est une commande de vente. Logique quand on a compris, mais pas vraiment intuitif. Soit c’est une traduction de termes anglo-saxons, donc pas familiers pour nous, soit c’est pour des personnes dont le niveau d’étude dépasse de très loin le mien !

On ne peut pas dire qu’il soit compliqué, il est plutôt complexe. La moindre action exige de remplir une quantité impressionnante de données (enfin, on n’est pas obligé de tout remplir, mais il faut trouver les cases qui nous concernent au milieu des autres). J’ai compté 27 modules, dont certains ont des noms dont j’ignorai totalement l’existence avant comme acknowledgement.

Les plus intéressants à mon avis sont le module d’export, qui comporte pas moins de 15 formats et les rapports très détaillés. On peut également tout imprimer très facilement.

Le module comptabilité est également très complet (et complexe pour un non-comptable).

Cet outil a l’air très puissant, mais beaucoup trop pour moi. Il permet vraiment de tout suivre dans une entreprise, mais certaines fonctions sont très pointues. Même les manipulations de bases exigent tout de même une formation (comme créer des factures ou entrer des clients). Mais cela ne change pas des logiciels classiques que j’ai déjà pu tester. Après cette période de prise en main, il se révèle finalement assez facile à utiliser.

Les gros avantages de TioLive sont sa licence open source et son mode hébergé évitant un déploiement sur les postes de travail, avec la maintenance afférente. C’est je pense, ce qui le différencie réellement de Sugar ou Vtiger par exemple. On s’épargne les contraintes de mise à jour , de compatibilité, de pannes, etc. Il peut être utilisé partout, par les commerciaux par exemple, ou consulté par les décideurs en déplacement.

L’équipe de maintenance à l’air d’être très réactive et à l’écoute des utilisateurs.

Peut-on confier ces données à TioLive sans grande peur de se voir piéger ?

TioLive utilise l’ERP ERP5. Il est donc possible pour un entreprise d’installer le logiciel sur un autre serveur qu’il soit au sein de l’entreprise ou à l’extérieur. Je n’ai pas testé concrètement cette opération. Pour les entreprises qui en ont les moyens, je leur conseille de mettre en place et de tester cette opération comme plan de secours en cas de défaillance du service TioLive.

Il existe sur le site dédié à la « Communauté » des utilisateurs des packages prêt à installer pour Mandriva, Debian ou Ubuntu ainsi que la documentation correspondante. Il faudra cependant prévoir un serveur dédié à cette application pour éviter tout problème de conflit avec d’autres outils. Un serveur virtualisé (et dormant) pourra tout à fait suffire. A partir des packages une durée d’une heure pour la mise en place du serveur est annoncée.

Essayons maintenant d’analyser ce service sous l’angle de Karl Dubost :

• Fournir une procédure d’export : vous avez la possibilité d’exporter vos données entité par entité dans différents formats (csv, tableur,etc..) dans le service gratuit. Une solution que je déconseille. il faut donc souscrire l’option à 10€ par mois pour obtenir une sauvegarde de sa base de données.
• Encourager les utilisateurs à exporter leurs données : au bout de quelques minutes d’utilisation, j’ai vu arriver un lien dans l’interface me le proposant ou plus précisément me proposant l’option à 10€.
• Un format d’export ouvert et documenté : Les formats proposés pour l’export des différentes entités sont classiques. Pour la sauvegarde de la base de données, je pars du principe qu’il s’agit d’un dump
• Export des données « enrichies » au travers du service : on exporte toutes les données de l’application, donc rien ne doit manquer.
• Description publique de la politique de sauvegarde : Dans l’offre Free, il n’y a pas de sauvegarde et c’est clairement annoncé.
• Demander à l’utilisateur avant de supprimer des données qui furent rendues publiques : compte tenu du type de l’offre, cette exigence est inadaptée.
• Fournir un moyen de contrôler l’accès aux données : vous gérez l’accès à votre instance de l’application.
• Rendre claire la licence sous laquelle les données sont publiées : les données restent privées et TioLive ne réclame aucun droit dessus.

Deuxième critère d’évaluation le TIO (Total Information Outsourcing) de la FFI : Là on découvre que TioLive a fait de ce critère un guide et s’est engagé avec d’autres éditeurs à le respecter. Concernant ce point, Jacque Honoré, Community Manager de TioLive que j’ai interrogé précise le rôle de ce groupement :

« Tio Libre est un groupement de fournisseurs de service se proposant de respecter les fondements du TIO Libre et du TIO Loyal permettant de s’assurer de la liberté des consommateurs, des acheteurs. Le groupe de réflexion autour du TIO au sein de la FFII est celui qui définit les ‘guidelines’ à suivre pour respecter les libertés de chacun sur les plates-formes de cloud computing et de SaaS. »

On notera aussi que TioLivre, Nexendi, IELO et Mandriva ont fondé la Free Cloud Alliance qui a pour objectif de mettre à disposition des entreprises des solutions de IaaS, PaaS et Saas libre. On retrouve dans les technologies proposées celle qui propulsent le service TioLive ce qui n’est pas une surprise.

Parmi les nouveautés à venir prochainement Jacques nous annonce : « le TioLive appliance qui permettra à chacun de déclarer son serveur à TioLive et de par la suite demander à installer des instances TioLive sur celui-ci. Il s’agit d’une extension de la plateforme et de l’offre TioLive. »

TioLive n’est pas la seule solution de SaaS libre. Vous pouvez également consulter mon article sur le service Odoo basé sur OpenERP.