Découverte de la communauté française du logiciel de gestion monétaire Cyclos

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Je vous ai présenté Cyclos ce logiciel de gestion monétaire utilisé par des SEL (Systèmes d’échanges Locaux) mais qui peut aussi servir de base à la gestion d’une monnaie complémentaire pour une communauté.

Stéphane Laborde que vous avez déjà croisé dans d’autres articles au sujet de la monnaie et des logiciels libres nous explique comment il en est venu à mettre en place une communauté française autour de Cyclos.

Stéphane sera présent aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre 2010 (le veinard) qui ont lieu du 6 au 11 juillet à Bordeaux. Il fera une présentation sur le thème des Systèmes d’Echanges Libres et les problématiques liées aux systèmes de création monétaire le 9 juillet à 15h40.

Philippe : Comment est-ce que cela a commencé ?

Stéphane : Après avoir lancé mon blog « www.creationmonetaire.info » fin 2008, je me suis vite rendu compte au fur et à mesure que j’approfondissais le sujet, qu’il devait déjà exister des prototypes de logiciels de gestion de monnaies communautaires. Quand on approfondit et qu’on veut faire connaître le problème de la monnaie, l’idée du SEL vient très vite à l’esprit. Or mes recherches m’ont alors fait découvrir qu’il y avait des SEL, mais quasiment rien concernant les logiciels… Ca m’a semblé incroyable étant donné la grande créativité qui est la marque de fabrique de la communauté du logiciel libre.

Il semble que la communauté française du libre comprend la nécessité de développer des codes ouverts pour les process de traitement de l’information, sauf pour le plus omniprésent d’entre-eux dans la vie de tout le monde : celui de la monnaie et donc de la gestion des échanges interpersonnels… Pourtant c’est fondamentalement identique !

Bref, après de longues et laborieuses recherches j’ai trouvé Cyclos… J’ai vu que c’était une initiative Hollandaise, et vu aussi que c’était utilisé par pas mal de SEL… non français 🙂 Allemands, Hollandais, Espagnol, Suisse, Brésiliens etc… A croire que la France est le dernier pays du monde à ignorer les mécanismes monétaires…

J’ai donc créé un blog puis j’ai déposé le nom www.cyclos-france.org … Ensuite en tentant d’évangéliser auprès de gérants de SEL j’ai trouvé quelques personnes intéressées, il y en a une quinzaine. On a commencé un travail de traduction sur un groupe Google, mais le travail avance lentement, et n’est pas encore totalement prêt à être totalement intégré à la version officielle.

Philippe : Aujourd’hui Cyclos n’a pas l’air très répandu en France. La dernière installation semble être celle du SEL ClisSEL en Loire Atlantique.

Stéphane : Effectivement seul Selidaire utilise Cyclos en France, en version Française, mais installée et traduite localement. Nous avons des problèmes de format avec les fichiers de traduction de Cyclos qui empêchent de faire une remontée immédiate du travail déjà fait.

Le problème de la diffusion de Cyclos n’est pas informatique. Un logiciel de gestion monétaire est relativement basique. Il s’agit de gérer des chiffres sur des comptes. Les SEL « in Material Life » font ça avec des carnets et ça marche très bien…

Pour mettre en place une monnaie, il s’agit surtout de comprendre ce qu’est une monnaie, ce que doit être son mode d’émission, choisir le système de création monétaire le plus adapté, et donc surtout, et c’est le point fondamental, à trouver la communauté qui exprime le besoin et l’envie de gérer sa propre monnaie. La monnaie est à une communauté économique ce que la langue est à une communauté culturelle. C’est l’adhésion de ses membres qui en fait la valeur et l’efficacité… Sans cela, c’est une pure construction mathématique virtuelle, rien de plus.

Le parallèle avec la langue est bon, parce que si on regarde l’Espéranto, c’est une peu la même chose. Un langue nouvelle, bien construite, sans exceptions, facile à assimiler, mais que très peu de gens parlent au final, parce qu’elle ne colle pas à un besoin important, au moins pour le moment. De la même façon certains SEL restent confidentiels, mais là où le besoin est criant, une monnaie peut prendre son essort, comme le SCEC Italien, qui est sans doute l’application d’un Dividende Universel en monnaie libre la plus exemplaire.

Donc Cyclos, comme tout logiciel de gestion de monnaie, a plutôt pour objectif de faciliter la gestion de SEL existants plutôt que de susciter le développement de monnaies. Ce n’est pas la monnaie qui fait l’économie. C’est parce qu’il y a une expansion économique communautaire sous forme de troc visible ou invisible, qu’une monnaie devient nécessaire pour la fluidifier.

D’ailleurs sur ce dernier point, je pense très sincèrement que la communauté du logiciel Libre est une telle économie du troc, et qu’elle devrait proposer une monnaie incitative à base de dons, basée sur un mode de création à Dividende Universel. Il faut seulement comprendre ensuite que c’est la lente diffusion dans l’espace et dans le temps d’une monnaie, l’habitude de son usage, qui en fera la valeur. Il ne faut pas s’attendre à pouvoir se payer des biens matériels dès sa mise en application… Une vision spatio temporelle est nécessaire pour voir l’évolution d’une monnaie dans le temps. Regarde comme l’euro a patiemment étendu son champ d’action, incluant de plus en plus de pays, au fil des années…

Après je pense qu’il y a un autre problème, c’est qu’au sein des SEL en France il y a peu d’informaticiens (ce n’est pas forcément la population la plus touchée par la crise depuis 10 ans), et qu’en sus, Cyclos demande des connaissances en serveur Java, qui sont un peu rebutantes il faut l’avouer (j’ai pu constater quelques difficultés d’installation en échangeant avec les membres).

Philippe : Comment améliorer Cyclos ?

Stéphane :

Je pense qu’il y a trois transformations fondamentales qui devraient être apportées :

  1. Se débarrasser de sa partie « java ». Je me rends compte que les « libristes » n’aiment pas trop, et puis ce qui est demandé par Cyclos en java ne semble pas être un standard chez la majorité des hébergeurs.
  2. Basculer dans un mode de gestion décentralisé. Et là le modèle « LiquidBank » proposé par Glenn Roland est intéressant, et je le supporte à 100%, j’essaie d’y participer au niveau fonctionnel. D’ailleurs sur Cyclos-France on trouvera des liens vers LiquidBank et d’autres systèmes existants ou en développement. Mais je le répète, la gestion de la monnaie est indépendante du système, c’est avant tout une simple gestion de comptes individuels.  Aussi on doit pouvoir avoir une monnaie et la gérer avec Cyclos, mais aussi pouvoir basculer sur LiquidBank ou tout autre système, il s’agit de dupliquer Identifiant, N°de Comptes, quantité de monnaie associée, et évidemment règles transparentes de création monétaires, c’est tout.
  3. Plus de contributeurs Français dans tous les cas ! Que ce soit pour Cyclos, pour LiquidBank, ou pour toute autre initiative pour proposer aux communautés leur propre gestion monétaire !

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

2 réponses

  1. idoric dit :

    Merci de m’avoir fait découvrir le SCEC italien. À partir de là, j’ai pu tomber sur ceci qui a bien éclairé ma lanterne : http://eco-sol-brest.net/SCEC-Monnaie-solidaire-en-Italie.html

  1. 23 juin 2010

    […] This post was mentioned on Twitter by Philippe Scoffoni, Planet-Libre and Veille, Stéphane Laborde. Stéphane Laborde said: Découverte de Cyclos logiciel libre de gestion de monnaie, chez @pscoffoni […]