Des places de marché pour les logiciels libres et open source

closeCet article a été publié il y a 13 ans 3 mois 2 jours, il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

Cet article fait suite à la lecture d’un billet de Cyrille où celui-ci se dit prêt à payer pour avoir une fonctionnalité inexistante à ce jour sur un logiciel libre.Il imagine dans son billet une sorte de place de marché où les utilisateurs pourraient décrire un besoin et se regrouper pour en financer le développement.

D’ordinaire ce sont les « créateurs » ou plutôt les développeurs qui lancent une idée et vont demander un financement. Il existe pour cela des plate-formes comme KickStater grâce à laquelle le projet Diaspora avait pu collecter 200 000 dollars.

A première vue l’idée est séduisante et on se demande tout de suite où trouver un service de ce type. Je me suis livré à quelques recherches sur ce sujet et c’est du côté de nos cousins anglo-saxon que j’ai trouvé deux réponses.

Cofundos.org – Community Funded Open Source

Cofundos.org processC’est le premier site que j’ai trouvé. Le principe de fonctionnement est relativement simple. Tout part comme le suggère Cyrille d’un besoin non couvert. Voici un petit schéma issu du site Cofundos et qui détaille (en anglais) les différentes étapes du processus.

  1. Quelqu’un propose une fonctionnalité pour un logiciel. Il doit en écrire les premières spécifications
  2. Une discussion peut s’engager autour de ces spécifications avec d’autres personnes.
  3. Les utilisateurs qui souhaitent voir ce projet se réaliser (appelé les bidders ou offreurs) déclarent le montant qu’ils s’engagent à donner à celui qui réalisera le projet.
  4. Les personnes aptes à réaliser ce projet (les spécialistes) et à développer le programme correspondant proposent de réaliser le travail pour un certain montant et dans un certain délai.
  5. Dés que le montant des offres dépasse la somme demandée, un appel à concurrence est lancé pour une durée de trois semaines.
  6. Passé ce délais, tous les offreurs votent pour choisir le spécialiste qui réalisera le travail. Les votes sont pondérés en fonction de la somme déclarée par chaque offreur afin de donner plus de poids à ceux qui paient le plus.
  7. Une fois le travail réalisé, les offreurs votent à nouveau pour décider si le programme livré est conforme à la demande.
  8. Si la majorité des offreurs votent cette conformité alors ils doivent verser la somme promise. A noter que si vous avez voté contre la conformité de la livraison, mais que vous êtes minoritaire, vous devez quand même vous acquitter de la somme promise.

Le rôle de Cofundos.org est de servir de tiers de confiance dans la transaction, bien que d’après ce que j’ai compris les fonds soient versés directement des offreurs au développeur. A noter que sur le site en anglais il n’est pas fait mention de paiement, mais de « donations » ce que je traduis par contribution, don.

Ce site semble assez ancien. Les statistiques disponibles en ligne remontent à 2007. Tous les projets financés au travers de Cofundos doivent être sous une licence approuvée par l’OSI (Open Source Initiative). Les spécifications seront placées sous une licence Creative Commons By.

Je n’ai pas trouvé de mention sur la façon dont le site se rémunère et s’il se rémunère même ne serait-ce que pour ces infrastructures.

Next Sprocket

Next SprocketLe principe de ce site est similaire. Le vocabulaire utilisé fait référence à des tâches qui peuvent être de nature diverse mais liée à un programme.

Le fonctionnement de ce site est un peu plus simple que le précédent. Une personne propose une tâche et une somme en paiement de celle-ci une fois réalisée. D’autres utilisateurs du service peuvent s’ils le souhaitent apporter une somme pour rendre la tâche plus attractive.

Une fois la tâche réalisée, le paiement est effectué. Les conditions dans lesquelles se fait l’acceptation de la livraison ne sont pas expliquées. Net Sprocket se rémunère à hauteur de 3% sur chaque transaction qui sont réalisés à l’aide de PayPal. Ce modèle est bien plus commercial que le précédent.

What else ?

A vrai dire, je n’ai pas trouvé d’autres services de ce type autour des logiciels libres et open source. Je suis peut-être passé à côté, je vous laisserais compléter en commentaire.

Il faut noter qu’il existe des places de marchés spécifiques à certains secteurs ou logiciel. Ainsi les éditeurs d’ERP open source proposent parfois des places de marchés dédiés à leurs logiciels par exemple OpenBravo. Dans le domaine du secteur public, l’ADULACT propose une place de marché pour les collectivités adhérentes de l’association.

Cependant, les tentatives par le passé de place de marché ont été nombreuses. SourceForge avait même tenté l’expérience, mais sans succès. Vous pouvez également consulter cet article de 2004 qui relate quelques expériences de ce type infructueuses et qui montre que l’idée ne date pas d’hier.

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

8 réponses

  1. Nusa dit :

    Bonjour,

    Je trouve l’idée très séduisante. Ce qui serait aussi intéressant serait de joindre à cette plateforme un indicateur de fiabilité quant au suivi de projet des développeurs donc de leur sérieux.

    Je m’explique : j’ai fait appel à une société pour développer une fonction sur un module Joomla développé par cette même société. La fonction a été développée, mise en prod et payée. Elle n’a jamais été mise en ligne pour la communauté. J’ai des mises à jour à faire faire. Cette société ne sait pas quand elle va se repencher sur le développement. Donc fiabilité : 0.

    Pour en revenir à cette idée de plateforme, si des âmes sont motivées, je veux bien en discuter car c’est vraiment intéressant.

    Nusa

  2. Galuel dit :

    Oui c’est une très bonne approche, dont le principe est indépendant de la monnaie utilisée (qui constitue un autre problème, suivez mon regard…).

    Il y a aussi par exemple : https://yooook.net

    Ou encore plus clair sans doute :

  3. Grummfy dit :

    A noté que certain logiciel libre propose déjà ce genre de mode de fonctionnement, on peut par exemple cité dokeos.

    Mais il est clair que le concept de marché est intéressant, on peut très bien l’imaginé pour des drivers matériel que plusieurs personnes souhaiterait avoir, etc

  4. Bonob0h dit :

    @grummfy … pour les drivers tu a déjà payé 😉 ça serait donc aux fabricants de faire appel a de tels services

    @tous
    Sinon oui l’idée est « bonne sur le papier » mais se heurte à de nombreux problèmes que les projets/réalisations n’ont jusqu’à présent pas pris en compte :

    Confidentialité, avance par rapport à la concurrence, sérieux du suivis, concordance des spécificités, confiance, etc etc etc …

    Il suffit par exemple de voir simplement le nombre de modules/plug in similaires pour certains outils, chacun ayant ses propres spécificités tout en reprenant une partie des autres et que du coup aucun ne répond a toutes les demandes, alors même qui bien pensé etc un seul outil répondrait aux besoins de tous tout en étant plus optimisé, etc.

    Il faut aussi prendre en compte qu’une grande majorité est déjà perdu dans le libre et que ceux qui utilisent ont déjà leurs « réseaux » pour faire !

    Hors la grande majorité qui n’a pas franchis le cap du libre ne veux pas de retrouver perdue dans le libre bordel, alors même qu’elle à déjà a du proprio qui la prend par la main, à coup aussi de bombe atomique marketing 😉

    Ceci sans compter qu’une grande partie des gens veulent du produit sur étalage 😉
    Même si le tuning est en vogue la grande majorité des gens achètent des voitures toutes prêtes 😉 et que même la personnalisation qu’ont lancés certains constructeurs sont des décalcomanies déjà en catalogue 😉

    Alors oui l’idée est bonne mais pas en l’état … par contre dans le « Microsoft associatif » d’un certain Iceberg elle est prévue 😉

    Elle l’est même déjà et pas simplement pour du code dans ce qui se trouve dans le lien de mon nom 😉 Encore faudrait il qu’un minimum se bougent pour qu’enfin ça se lance plutôt que de constater ce qui est dit par ici : http://philippe.scoffoni.net/?p=3849#comment-6076

  5. djib dit :

    Le logiciel Ardour fonctionne un peu comme ça. Dans leur Mantis ont peut saisir un montant à côté de bogues ou d’évolutions. Lorsque l’enveloppe est suffisamment grosse, un développeur motivé prend le développement en charge.

  6. bonob0h dit :

    @Djib
    Bien sur il y a quelques exceptions qui confirme la règle que l’idée de base est bonne mais manque d’une généralisation

  7. djib dit :

    Tout à fait.

  1. 6 décembre 2010

    […] This post was mentioned on Twitter by Philippe Scoffoni, Bardamu, FOSSwiki, FOSSwiki, Wilfried Caruel and others. Wilfried Caruel said: RT @pscoffoni: Chez Philippe : Des places de marché pour les logiciels #libres et #opensource http://bypsc.fr/0sn […]