Open source, Commodité ou moteur d’innovation ?
Voici une vidéo faite à l’occasion du dernier Open World Forum 2010 par Inetlli’n TV. Au centre de ce débat, la question de la place du logiciel libre et de l’open source dans le développement économique des entreprises.
Faut-il les voir comme une simple « commodité » au sens anglo-saxon du terme : « un bien de consommation industriel ou individuel (une matière première) disponible en grande quantité et pouvant provenir de nombreux fournisseurs différents » (source Wikipédia) ou sont-ils un moteur qui permet l’innovation ?
Pour en débattre autour de Philippe Nieuwbourg : Franz Meyer de Red Hat et Boris Auché de Bull. Vous pouvez retrouver la vidéo sur Youtube (nécessite Flash).
L’utilisation de ce terme de commodité montre plusieurs choses. Tout d’abord que l’open source est devenu quelque chose de banal, de largement répandu. La fiabilité, la robustesse de certains composants ou logiciels open source n’est plus à démontrer et les place en position de solution « évidente » pour certaines problématiques.
C’est particulièrement vrai pour les solutions d’infrastructure qui portent les applications délivrées aux utilisateurs. Ces derniers au final ne voient que le résultat et pour eux les composants ne sont pas forcement important. Seul compte l’assemblage qui leur apporte le service attendu et donc la valeur ajoutée.
C’est cette valeur ajoutée que les utilisateurs sont prêts à rémunérer. Ainsi, les revenus générés peuvent être réinvestis dans les composants afin de les améliorer encore.
Qui dit commodité dit aussi diversité des fournisseurs et donc indépendance pour l’entreprise qui reste ainsi maitre de son informatique. Un objectif que l’on retrouve dans la philosophie du logiciel libre qui est d’apporter la liberté à l’utilisateur au travers du contrôle de sa machine. Les entreprises n’échappent donc pas à cet apport bien heureusement.
Boris Auché insiste sur le fait que les entreprises ne sont pas aussi peu soucieuses du choix des composants. La gouvernance de l’entreprise ou du Système d’Informations peut placer le choix de ces composants au centre des préoccupations. Cela semble important si l’on souhaite obtenir les gains cités précédemment.
L’open source est aussi un moteur d’innovation, car il permet du fait de la liberté d’utiliser, de modifier et de distribuer un composant de faciliter la création de nouvelles offres ou de nouveaux produits. Il est probable que des géants comme Amazon ou Google n’auraient jamais pu voir le jour sans l’aide de l’open source et des composants qu’ils ont fournis. Ce n’est pas un hasard si Google est un des plus gros contributeurs à l’open source actuellement.
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J’aime la conclusion, car en ce qui me concerne, je ne cesse depuis de promouvoir les logiciels libres, qui m’ont permis sans entrave de construire mon entreprise. Je n’oublierai jamais et serait à jamais reconnaissant. Pour tout ce qu’apporte l’open source, aussi bien en qualité, sécurité, stabilité et indépendance. La philosophie du logiciel libre est un modèle qui doit inspirer d’autres domaines.
Merci pour l’article.
Bémol : je suis conscient que l’open source n’est pas égal au logiciel libre… Mais l’esprit du partage et l’innovation créative est un point commun qui les rassemble.
J’aime beaucoup l’état d’esprit « open source » qui préfigure le monde de « tout à l’heure ». A présent, ce n’est plus demain. Cela relève de l’initiative citoyenne et de la démocratie. Chacun propose ses services, ses compétences, ceux qui sont intéressés participent et soutiennent. Ce qui est logique, l’engagement doit être réciproque, même si j’apprécie les logiciels libres. Tant que l’argent est nécessaire pour vivre (un jour, ce ne sera plus le cas), l’open source permet de se responsabiliser et de sortir de l’égoïsme, du prendre sans rien donner en retour.
@Chantal : oui le modèle n’est complet que s’il y a contribution en retour de l’utilisation. Cette contribution peut prendre toutes les formes possibles et imaginables : code source pour améliorer le programme, documentation, publicité, ou… dons en argent
L’exemple de Google est intéressant.
Google popularise les projets Open Source grâce à ses outils marketing.
Quelques exemples:
– La téléphonie mobile avec Android, basé sur un noyau Linux
– Les navigateurs avec Chrome (dont l’origine est le projet BSD Chromium) qui commence à tailler des croupières à Firefox
-…et bientôt les netbooks/notebooks où Google a l’intention de rafler la mise en capitalisant sur l’échec des distributions Linux et la lourdeur de Windows 7 sur des petites configurations.
On peut se demander si finalement, Google ne serait pas qu’un « intermédiaire » peu scrupuleux dont la vraie valeur ajoutée serait le marketing et dans quelle mesure certains projets Open Source pourraient se passer de Google pour arriver au même niveau de popularité.
Oui Google a l’art de savoir valoriser les composants open source qu’il développe ou auquel il contribue. Donc oui il serait possible d’imaginer un autre intermédiaire qui saurait utiliser d’autres méthodes pour motiver les gens (monsieur tout le monde) à utiliser des logiciels libres. C’est dans cette direction que l’on doit je crois maintenant travailler pour populariser les logiciels libres. Ne pas faire des logiciels libres pour faire des logiciels libres. Mais les utiliser pour répondre à de vrai attentes susceptibles de remporter l’adhésion de tous…