Fruits, légumes et logiciels libres moches

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logo-label-quoi-ma-gueule_4903905Vous n’avez peut-être pas échappé à la campagne marketing d’une grande chaîne de supermarché ventant les mérites des fruits et légumes moches. Il s’agit avant tout d’une opération commerciale. Certains y verront une tentative supplémentaire pour racler les fonds des portefeuilles de plus en plus vides des Français là où d’autres y verront un retour à des comportements raisonnés pour lutter contre le gaspillage alimentaire.

La vérité est comme souvent entre les deux et à titre personnel et quelques soit les motivations de cette opération, la démarche, initiée par un collectif Les Gueules cassées, est salutaire et sa médiatisation bienvenue.

Je ne peux m’empêcher d’y voir un lien avec les logiciels libres qui sont d’une certaine façon la version « bio » ou raisonnée des logiciels. Il y a bien sûr logiciel libre et logiciel « libre » tout comme il y a bio et « bio ». Dans les deux cas, il s’agit avant tout de respecter un cahier des charges pour obtenir un « label ». Mais il ne faut pas oublier les conditions dans lesquels ils sont produits et commercialisés. Un légume bio produit par des ouvriers « esclaves » à l’autre bout de planète et transporté jusqu’à chez nous est-il encore bio ?

Toujours est-il que le parallèle entre ces fruits et légumes moches, mais tout à fait propres à la consommation et les logiciels libres est intéressant. Il est souvent reproché à ces derniers d’être dotés d’une mauvaise ergonomie ou encore d’être limités fonctionnellement. Cependant, ils permettent bien souvent de « faire le job ».

Le parallèle a évidemment ses limites. Les fruits et légumes moches sont difficilement évitables. Il y a toujours une part d’anomalie dans la production agricole. Peut-on en dire autant des logiciels libres ? Leur conception relève d’une œuvre de l’esprit et peut donc aspirer à une certaine perfection.

Mais j’aime bien quand même ce parallèle. Une façon de « désamorcer » une des oppositions traditionnelles aux logiciels libres 🙂

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

6 réponses

  1. franceschini dit :

    Bonjour,
    Si il y a toujours une part d’ anomalie dans la production agricole, il
    doit sûrement y avoir aussi une grosse part d’ anomalie dans la production
    des logiciels propriétaires très loin de respecter l’ utilisateur qui
    nous vendent comme du bétail, comme dirait l’ autre …
    ( Désolé, faut que j’ explose parfois ! )

    Cordialement @ndre

  2. Gilles dit :

    Le parallèle est un peu WTF :p par contre je veux bien des noms de logiciels Libres « moches »…
    C’est quoi d’ailleurs un « moche » ? 😀

  3. Desidia dit :

    « Il est souvent reproché à ces derniers d’être dotés d’une mauvaise ergonomie »

    Il ne faut pas mélanger l’ergonomie avec le fait d’être moche. Il y a des logiciels moches très ergonomiques (Tgif: http://bourbon.usc.edu/tgif/ ) et à l’opposé des logiciels que certains trouvent beaux et qui ne sont pas fonctionnels. Voir les discussions sur le skeuomorphisme cher à Apple sur osnews: http://www.osnews.com/thread?515015

    Cordialement,

  4. Nico7as dit :

    Vous qui avez une longue expérience du logiciel libre, avez vous une explication à la laideur de bcp de ces logiciels?
    Est-ce parce que les graphistes et ergonomes cèdent plus facilement aux sirènes du logiciel payant? Ou sont moins enclins à participer aux développement d’un logiciel libre?

    En comparaison, je suis ingénieur dans le bâtiment et sensiblement plus compétent techniquement que la plupart des architectes de mon âge. Mais mon coup de crayon est mauvais, car ce n’est pas mon métier.
    Un développeur n’est pas forcément un bon graphiste, ni un ergonomie.
    Comment les enrôler ??

  5. Nico7as dit :

    PS:

    Cinelera est particulièrement laid, avec des graphismes du temps jadis!!

  6. Philippe dit :

    C’est une question de moyens et d’équipe projet. Pour les logiciels « communautaires » ou développés par un unique développeur, il est clair que son objectif premier est de « faire le job » quitte à ce que ce soit en ligne de commande 🙂 .
    Pour enrôler les bons graphistes et ergonomes, il faut de l’argent. Et il n’y en a pas toujours dans les projets surtout portés par des bénévoles. Le problème dans le logiciel libre communautaire (par opposition à ceux développés par des entreprises) c’est qu’il faut savoir coder pour pouvoir contribuer. Or les développeurs ne sont pas toujours enclins à écouter ou faire ce que leur conseille ceux « qui ne savent pas coder » surtout quand on leur demande de faire quelque chose qui ne les intéresse pas… A la limite compréhensible vu qu’il le font « gratuitement »… C’est donc avant tout un problème de modèle de financement et de gouvernances des projets libres.