Entreprises et logiciels open source, une adoption toujours difficile
En novembre 2008 c’était le Gartner Group qui nous expliquait les craintes des entreprises vis-à-vis des logiciels open source. A l’époque les risques juridiques étaient montrés du doigt.
C’est maintenant au tour de Forrester Research de publier une étude révélant les deux principaux freins à l’adoption du logiciel open source :
- La sécurité,
- Le support logiciel,
Il semblerait donc qu’il y ait toujours un important déficit de communication auprès des entreprises sur le modèle open source et son fonctionnement.
A quoi cela peut-il tenir ? L’open source ou le Logiciel Libre n’est-il vu que comme un réducteur de coût ? Probablement.
Il est évident que la compréhension que peut avoir une entreprise de l’open source ne peut se construire en un seul jour. L’open source est bien trop souvent évalué sur les mêmes critères que les logiciels propriétaires masquant ainsi leurs avantages.
Revenons aux points précédents. Les logiciels open source sont-ils moins sûr que les logiciels propriétaires ?
Tout d’abord, la question en elle-même n’a que peu de sens. Un logiciel reste un logiciel. Un développeur a tout autant de chance de faire un code peu sécurisé dans les deux modèles. Là où cela change c’est que l’ouverture du code permettra un audit par des tiers externes. Un logiciel propriétaire devra faire appel à un prestataire pour cela.
Je trouve que le débat sur la qualité des logiciels libres contre propriétaire n’a pas forcément beaucoup de sens et que l’on se trompe de cheval de bataille.
Il serait préférable de mettre plus en avant le mode de conception et d’amélioration centré sur l’utilisateur ou plutôt le contributeur. Il s’agit comme l’explique Bernard Stiegler dans une récente interview, d’un basculement entre deux modèles économiques : « on est passé d’un processus hiérarchique, produit par le haut pour redescendre vers les applications, à l’« innovation ascendante » ». Je trouve que l’open source répond bien à cette définition.
Cette rupture avec des logiques traditionnelles et acceptées depuis des années pourrait être à l’origine de cette incompréhension par les entreprises du modèle de l’open source.
Pour finir, je ne m’étendrais pas sur la problématique du support. Les sociétés de services sont capables de proposer des tierce-maintenance pour toutes les solutions open source avec l’avantage pour l’entreprise de pouvoir changer de prestataire plus simplement. Je ne vois pas trop où pourrait être le frein.
En résumé, encore une étude dont je n’arrive pas à comprendre les résultats tant ils sont par certains aspects étonnants et introduisent une confusion dans les esprits des utilisateurs potentiels de l’open source.
Il faut donc continuer à expliquer encore et sans relâche…
* La sécurité,
* Le support logiciel,
Si on prends OpenBSD comme exemple de sécurité et Apache comme exemple de logiciel durable, accessible et bien documenté tout ça deviens clair comme de l’eau de roche.
Les entreprises préfèrent des solutions non sécurisées, et des logiciels dont les spécifications changeront d’une année sur l’autre. C’est une bonne chose, cela permet de créer plus d’incidents et donc d’embaucher plus d’administrateurs. Aussi le fait de se baser sur une solution propriétaire permet d’avoir moins de documentation et cela encourage a travailler plus pour gagner plus (bon, pas en productivité, mais bref…). N’oublions pas que les spécifications fermées et obscures permettent de faire vivre des centaines de formateurs.
Bravo pour ton article ! Il me fait réagir car il m’amène à un concept que je voudrais défendre dans un prochain billet…
Tu parles de tierce maintenance applicative articulée autour de l’open source… J’y vois un intérêt plus grand que le passage de relais du contrat de TMA (facilité, c’est juste, mais il est souvent négocié dans le contrat lui-même et c’est pourquoi je pense que l’intérêt premier de l’open source est autre).
– la qualité : grâce à l’audit externe auquel tu fais référence
– la sécurité : encore une fois, tu as raison d’en parler car ce n’est pas compris actuellement
– l’aspect structurant !!
Désolé de forcer sur la ponctuation mais pourquoi n’y pense-t-on pas ? Une solution libre peut être adaptée par chacun, dès lors, elle évolue souvent vers de la généralisation et vers de la configuration plutôt que vers une solution clef en main déjà aux couleurs de l’entreprise et configurée selon ses règles de gestion personnelles… Cette optique de développement tend donc vers la configuration qui elle, sous-entend la valeur par défaut qui me plaît tant… On élude le « cas particulier », la configuration personnelle de l’entreprise, sa petite politique personnelle pour proposer des valeurs réfléchies par des experts conceptuels.
On a donc :
1 – La possibilité de configurer le logiciel à son besoin ou…
2 – La possibilité d’adapter son fonctionnement au mode par défaut du logiciel qui est le fruit des améliorations d’acteurs concernés et instruits. C’est le mode « structurant » plutôt que structuré…
C’est à mon sens une force du logiciel libre (pas seulement… SAP peut être vu de cet œil).
Merci encore pour ton excellent article. A bientôt 🙂
@strider : un rien désabusé non ?
@Phil : tu as raison de dire que SAP est aussi un rien « structurant », c’est une sorte de doux euphémismes 🙂 … je ne suis pas sur à 100% que les logiciels parce qu’ils sont libres soient synonymes d’une meilleur réponse à des besoins fonctionnels si l’on parle des ERP par exemple.
Mais tu as raison, c’est un sujet qui mérite réflexion…
Oui, ce n’est pas systématique… Je suis bien d’accord. Je développe juste un concept dont le libre peut être un vecteur à mon sens.
Mais il n’y a pas de lien de conséquence fort, juste une tendance.
Au plaisir de te lire =)
@Phillipe : C’est le sentiment que j’ai après avoir utilisé et vu d’autre personnes utiliser du propriétaire en entreprise.
J’étais pas le plus mal loti, .NET est un bon framework et j’avais toujours la possibilité d’utiliser une librairie Open Source dès que j’en avais l’occasion. En revanche je plains de tout coeur les admins systèmes et réseaux qui bossent sur Windows Server. Il faut beaucoup de persévérance pour arriver a quelque chose quand on a peu de controle sur ses machines.
D’ailleurs Microsoft ne sont pas les seuls a blamer, j’ai eu des cours sur les réseaux Cisco et c’était toujours plus facile de trouver un lien sur le net pour une formation payante que de trouver une réponse a ses questions.
D’un autre coté, Oracle (qui propose beaucoup de solutions Open Source), dispose de bonnes documentations, et il est plutôt facile d’arriver au résultat voulu.
Bonjour tout le monde,
En plus ces 2 arguments sont je trouve très mal choisis:
1/ La sécurité : ce n’est pas Microsoft et d’autres qui ont ouverts des parties de code pour bien rassurer : http://pro.01net.com/editorial/402130/microsoft-invite-la-communaute-open-source-a-jouer-dans-son-bac-a-sable/
2/ Le support : maintenant justement la plupart des éditeurs de solutions Open Source propose des versions « Entreprise » avec du support !
@strider : je comprend ton sentiment. Je dois moi-même composer tous les jours avec des systèmes hétérogènes (open source et propriétaire). Mais comme tu le dis propriétaire ne rime pas forcément avec obscure et fermé, ton exemple avec ORACLE est très parlant.
@victor : et pourtant c’est le résultat de l’étude donc le ressenti donné par Forrester au travers de son étude…
Bonjour, je découvre ce site en remontant une liste de followers sur Twitter et j’adhère clairement sur le thème principal de cet article tout en regrettant que le distinguo entre « Logiciels Libres » et « Open Source » ne soit pas fait (voir ce très bon exemple sur le Framablog : http://www.framablog.org/index.php/post/2009/10/02/logiciel-libre-open-source ).
Le but de ce commentaire n’est pas de lancer un débat de trolls mais bien d’essayer d’aller de l’avant dans ce débat 😉
Ré@gissons, p@rticipons…
Le distingo existe sur le plan éthique, mais beaucoup moins voir pas sur le plan des licences. Les logiciels libres sont open source d’un point de vue juridique. Apparemment, il devient de plus en plus « mal vu » de mélanger les deux termes depuis un ou deux mois, l’opposition entre les deux visions semble s’être exacerbée.
En ce qui me concerne, je ne souhaite pas faire de choix, je trouve que les deux visions recouvrent des objectifs distincts. L’open source me semble être le « business model » du logiciel libre. Les valeurs de ce dernier s’intègrent mal dans notre société en l’état actuel et l’open source représente une forme d’adaptation pour faire passer un premier lot d’amélioration.
Par contre, dire que l’open source a gagné et qu’il va faire disparaître le logiciel libre comme le disait Matt Asay dans son billet me semble une erreur. Je dirais plutôt que l’open source peut encore échouer alors que le logiciel libre perdurera parce que porté par une recherche d’idéalisme.
Faut-il enfin parler de logiciels libres dans le contexte des entreprises ? Un bon sujet d’article ma foi 🙂
Bonsoir et merci pour la réponse; effectivement juridiquement parlant Open Source et Logiciels Libres sont la même chose mais indépendamment du fait d’être « mal vu » le souci risque de se poser prochainement en terme de choix quand il s’agira de développer (ou d’améliorer) un logiciel Open Source dédié à un logiciel propriétaire.
Le problème de fond est bel et bien un problème de Liberté (avec un grand L de surcroit) un peu comme quand un journaliste doit faire un article sur un des plus gros sponsors de son journal.
Le travail de développeur libriste risque cruellement de manquer de libre arbitre, justement pour des raisons de business model, non?
Quand à savoir s’il faut parler de Logiciels Libres en entreprises, la réponse est de mon point de vue clairement oui et pour cela le meilleur argument est encore « Le libre vous y vennez pour le prix et vous y restez pour la qualité ». C’est le discours que je tiens à tous mes clients et le retour est très positif 🙂
Je me méfis un peu du discours logiciel libre = qualité, il y a de très mauvais logiciel libre 🙂 ! Je préfère insister sur d’autres avantages, j’en avais listé quelques-uns dans cet article et abordé le problème de la qualité dans celui-là avec le point de vue très pertinent de Jonathan auquel j’avais trouvé un début de réponse avec cette initiative.
On est d’accord, tout le libre n’est pas de qualité, mais comme le dit un des commentateurs:
« Mais c’est toujours mieux que de se faire refiler une boite noire par un commercial qui, la main sur le coeur, vous affirme qu’à l’intérieur tout est très bien rangé. »
En tout cas merci pour cette discussion et pour ces liens 😀