LibreOffice : Guide de bonnes pratiques pour migrer

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migration-logiciel-libreJe tenais à relayer la mise à disposition de ce document, car ils sont rares. Leur faible visibilité fait partie des freins à l’adoption des logiciels libres et en l’occurrence de la suite bureautique LibreOffice.

Concernant cette dernière, il existait les documents réalisés par l’association LaMouette. Le site Linux-Fr a relayé la mise à disposition de la version française d’un document réalisé par The Document Foundation, mais uniquement disponible en anglais. de la société Liberasys en a réalisé une traduction qui est mise à disposition sous licence CC-BY-SA.

Ce document (protocole de migration) représente une référence pour les migrations, basée sur les meilleures pratiques de certains projets les plus réussis (tels que la ville de Munich en Allemagne, la ville de Bologne en Italie, et Ombrie en Italie).

Le document commence par rappeler que pour 90 % des utilisateurs les fonctionnalités disponibles dans la suite LibreOffice sont largement suffisantes. Quant à la question d’une meilleure ergonomie de la suite MS Office, cela reste à prouver. Je suis peut-être devenu vieux avec un cerveau calcifié, mais je n’ai jamais pu me faire à l’ergonomie de MS Office depuis la version 2007 et l’adoption de son fameux ruban.

Ce changement d’ergonomie reste d’ailleurs un argument fort pour ceux qui utilisent encore MS Office 2003 et se posent la question de la migration vers LibreOffice. Un utilisateur sera bien moins perturbé par le passage vers LibreOffice que MS Office.

Le principal frein, c’est la fameuse résistance au changement particulièrement fréquente dès que l’on parle d’outil informatique. Une résistance qui n’est pas uniquement liée à LibreOffice d’ailleurs.

Migrer vers LibreOffice est un chantier qui ne s’engage pas à la légère, quelle que soit la taille de l’organisation visée. Elle passe par une phase d’analyse du fond documentaire pour :

  • Repérer les documents critiques, les modèles et les macros ;
  • Créer un inventaire des outils et des applications qui dépendent de MS Office, ce sont les fameuses « adhérences » qu’il peut être très difficile de lever dans certains cas ;

Il est également conseillé d’utiliser le format ODF et de restreindre l’utilisation des formats de MS Office aux échanges de fichiers avec les utilisateurs de cette suite. Il faut traiter ce point avec attention. Je conseille souvent de créer une carte des flux documentaires associant la notion de format. Ceci permet de prévoir une stratégie de gestion optimale des échanges et des formats dans lesquels ils devront être réalisés.

D’autres conseils comme l’identification des leaders technologiques sont plus génériques et relèvent d’une stratégie de conduite du changement.

La formation et le support sont également deux points clés. Je conseille souvent l’année de la migration de consacrer dans la mesure du possible un budget formation et support au moins équivalent au coût des licences Microsoft économisées. De plus s’agissant de budget formation, il est possible de les faire prendre en charge. Vis-à-vis des utilisateurs, c’est aussi une action qui sera reçue positivement et jouera en faveur de l’acceptation de la migration.

Pour finir, il est également largement souhaitable que les organisations qui souscrivent auprès de prestataires des contrats de support pour LibreOffice exigent que les correctifs et améliorations réalisées soient soumis au projet LibreOffice.

Les bonnes pratiques présentées dans ce document restent générales et devront être adaptées à votre contexte. Il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par des professionnels qui sauront vous guider. En région Rhône-Alpes, ils se regroupent sous la bannière du Ploss Rhône-Alpes par exemple. Au niveau national, le CNLL regroupe plus de 400 entreprises au travers de 13 clusters d’entreprises régionaux consacrés au logiciel libre. Vous voyez vous n’êtes pas seul et votre serviteur peut en l’occurrence parfaitement vous aidez dans cette opération 😉 .

Un des points sur lesquels un document référentiel aurait son importance est le calcul du coût et des économies potentielles réalisées par une migration vers LibreOffice. Un point sur lequel les débats font souvent rage. Ce que j’ai coutume de dire est que l’économie se mesure sur le long terme, voire le très long terme. Ce n’est pas sur trois ans que doit se faire cette approche, mais sur au moins cinq voir dix ans. Or ce sont des échéances que même les organisations publiques ont du mal à considérer faussant ainsi les critères de décision en faveur du logiciel libre.

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

8 réponses

  1. david96 dit :

    Bonsoir, très bon sujet, voire une reflexion majeure : mettre les choses cartes sur table : où allons-nous ? J’allais me coucher, mais je me met un rappel pour participer au débat…

    En passant, je suis sur Apache OpenOffice, depuis la scission créée par le rachat de Sun (qui a beaucoup apporté dans le domaine des logiciels libres) par Oracle (qui a son tour ne paraît pas si méchant, vu son don à Apache)…
    Mais avec la philosophie capitaliste, tout est possible, car seul le gain est important au final.

    Bon, je sombre… Bonne nuit à tous et merci à toi FILYPE de lancer ce débat… J’ai sommeil et ton prénom est pénible a orthographier. Buona notte a tutti.

  2. bonob0h dit :

    L’homme migre seulement quand il y est obligé ! Sans obligation il reste le cul sur sa chaise !

    Le passage au libre comme celui de la bureautique est il lié à la résistance au changements ? au marketing et autre agressif de Microsoft ? ou aux multiples outils libres concurrents et dont aucun n’a toutes les fonctionnalités du grand méchant loup ? Ou encore que les documentations libristes soient majoritairement en anglais ?

    Les migrations de microsoft sont forcées sans ça les utilisateur ne migreraient pas ! Et comme Microsoft est le leader qui impose ses changements les utilisateurs suivent !

    Pendant ce temps le libre est dispersé et donc n’existe pas pour la majorité des utilisateurs !
    Comme ils sont déjà prisonniers de bien des choses ils se foutent de ne pas prendre le chemin de la liberté car en plus elle ne leur apporte pas de nouveaux outils que le leader n’a pas !

    Donc tant que les outils libres n’apportent vraiment pas des plus et qu’il n’y ai pas une « unique » solution … les migrations vers le libre sont veines !

    Les efforts faits par les acteurs du Libre et quelques soient les documentations pour aider ne peuvent être que vaines, dépenses, tant qu’il n’y aura pas un Libre d’avant garde … comme ce petit bout http://www.01net.com/editorial/654136/les-premiers-smartphones-ubuntu-transformables-en-pc-devraient-arriver-cette-annee sans pour autant tomber dans les dérives de Canonical …

    Voir loin c’est aussi voir un autre libre … un libre qui change les paradigmes du numérique dans son ensemble … comme avec la piste proposée depuis longtemps par le Web3D++ !

    Mais la Migration n’est pas évidente avec les libristes, sauf les exceptions qui confirment la règle !
    Un danger numérique est en train d’arriver ! Mais il est aussi une opportunité que quelques uns du numérique commencent à intégrer.
    Alors qui sait !

    Des acteurs autres que du numérique sont certainement ceux qui peuvent le mieux aider à faire ce libre d’avant garde !
    Qui sait ! Peut être sauront-ils saisir les occasions qui leurs sont présentées 😉

  3. C’est pour cela qu’on est souvent obligé de parler de la nécessité d’une « volonté politique » pour migrer vers les logiciels libres. Si le « vrai » logiciel libre était davantage tourné vers l’innovation que vers la remédiation, ce type d’approche serait inutile.

  4. bonob0h dit :

    La volonté politique ne vient trop que par la pression de lobbys forts par l’argent ou forts par le nombre et dans ce cas traité de populiste 😉
    >>> Pensez à l’aider il est un peux seul : https://twitter.com/plossra/status/596286583415930880
    Dans un cas comme dans l’autre c’est le Vrai logiciel libre qui manque : Celui qui sait innover comme celui qui fait du lobbying …

    Reste qu’il doit au départ se battre contre le proprio, contre ceux qui ne font rien, et pire ceux qui font du faux libre ;p

    Alors il reste à ce Vrai libre de trouver l’élément déclencheur … celui hors proprio et celui hors faux libre … bref l’élément utilisateur qui à la capacité de mobiliser … et qui pourrait bien sur en profiter pour lui même …
    L’un « Public » à commencé à ouvrir une porte …
    Un second « Associatif » semble aussi l’ouvrir …

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