Défendre le logiciel libre sur Facebook, une erreur ?

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Cyrille a mis en avant une nouvelle tendance de quelques leader d’opinion qui consiste à utiliser Facebook comme outils de promotion. Ainsi, Toolinux vient de mettre en ligne sa page de Fan.

Une démarche qui je l’avoue m’a surpris. Facebook représente pour moi ce qui se fait de pire en matière de respect des données et de la vie privée. Le système est conçu de façon fermée, les données sont emprisonnées et pour y accéder il faut s’intégrer au service. Une démarche bien opposée à celle d’un Twitter et de son API qui permet l’émergence et la construction d’une multitude de sites autour de son système. Je n’irais pas jusqu’à dire que Twitter c’est bien, mais c’est bien moins pire. De plus, Twitter ne vous incite pas à donner des informations personnelles, comme vos attirances sexuelles ou vos préférences politiques ou religieuses. Un monde sépare ces deux services.

J’ai supprimé mon compte Facebook il y a de cela quelques mois pour les raisons que j’ai citées précédemment.

Il y a à mon sens deux façons d’utiliser Facebook. Que Christophe ne lise pas la suite les deux façons lui seront dans tous les cas insupportables.

La première revient à créer une page de Fan sur facebook et d’y diffuser ces articles. La promotion active ou passive de cette page peut se faire au sein de Facebook en utilisant les fonctions de ce dernier. C’est ce qu’on fait Framasoft, Toolinux et… le planet-libre. On a alors simplement à faire à un canal de diffusion d’informations, un peu particulier, je veux bien le croire et qui contribue il est vrai à l’existence de ce service.

La deuxième étape consiste à afficher cette page de fan sur son site comme le fait Toolinux sur sa page d’accueil. L’erreur est à mon sens là quant on pousse les lecteurs qui n’auraient pas encore succombé aux sirènes de Facebook a faire le pas supplémentaire en le légitimant sans pour autant expliquer ce qu’il peut y avoir de répréhensible dans ce service et l’usage qu’il nous pousse à en faire.

Il faut voir Facebook comme un trou noir du web. Il attire, mais ne renvoie pour ainsi dire rien.

Alors, il faut regarder les choses en face :

  • On peut arrêter de « gueuler «  comme le dit Strider, se retrousser les manches et créer une alternative pour ceux qui en ont les compétences. identi.ca en est le bon exemple. Facebook, Twitter tout comme Google, contribuent à bon nombre de projets open source qu’ils ont souvent en commun. D’une certaine façon, ils contribuent à développer les outils sur lesquels peut se construire à tout moment un concurrent. Ils savent que cela arrivera et ils utilisent donc d’autres moyens pour assurer leur existence. Facebook enferme ces utilisateurs, Google procure des outils gratuits toujours plus performants, Twitter a été le premier à proposer le premier tapis roulant industriel pour l’information sur le web. C’est par leur existence qu’est rendue possible d’une certaine manière l’émergence d’une alternative.
  • Utiliser ces services « intelligemment » pour ce qu’ils peuvent apporter pour essayer de toucher un public qui ignore peut-être même jusqu’à l’existence du logiciel libre. Cyrille dira que c’est hypocrite et juste pour améliorer ces statistiques. Je pense qu’il se trompe, Facebook est un trou noir et ne renvoie pas de trafic ou presque. Facebook il faut l’utiliser de l’intérieur. Pour l’instant je m’y refuse.
  • Ne pas y toucher car tout compromis est ruineux qui demeure la ligne pure et dure. Une approche que je respecte mais à laquelle je ne peux totalement adhérer car elle revient à accepter d’une certaine façon à ne pas aller vers l’autre.

Cela dit, je ne crois pas que l’on puisse gagner un combat sans se salir les mains a un moment donné, la nature humaine me semble bien trop imparfaite pour cela. Nous voilà donc pris en tenaille. Choisir de tout ignorer et rester en dehors de ces circuits ou les utiliser. J’ai fait le compromis d’utiliser Twitter pour mieux promouvoir les alternatives libres. J’y perdrais peut-être mon âme… ou pas.

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

13 réponses

  1. Petitprince dit :

    RMS a fait le choix de ne pas utiliser une nouvelle technologie si elle n’est pas libre, et d’attendre une version libre pour profiter des améliorations qu’elle apporte.
    Il ne me semble pas que cela lui ai porté préjudice, au contraire, il a gagné en crédibilité.

  2. cyrille dit :

    ce qui est certain c’est qu’en utilisant twitter et ces 140 caractères c’est ton âme d’écrivain que tu vas perdre. 😀

  3. Bristow dit :

    « De plus, Twitter ne vous incite pas à donner des informations personnelles, comme vos attirances sexuelles ou vos préférences politiques ou religieuses. »

    Il faut insister sur le mot « inciter », il incite, çà veut pas dire que tu dois les remplir… et encore, il faut aller les chercher car à l’inscription, ce n’est pas du tout dans les champs !

    Il n’y a qu’à voir le panneau vie privée des paramétrages pour comprendre que Facebook a beaucoup évolué sur ce point. Pour moi, facebook c’est le partage sans limite. Si le nouveau thème Ubuntu me plait, je montre une vidéo, une photo à mes amis, c’est beaucoup plus rapide que de faire un article sur un site qui ne sera pas beaucoup lu.

    Personnellement, tout dépend du comment on utilise le service, mais, pour moi, je fais la promotion du logiciel libre aussi par facebook, et je suis pas sur que mes cousins avaient déjà entendu parler d’Ubuntu avant que j’écrive ce mot dans certains de mes posts… et certains me contactent via Facebook pour me demander des conseils, je pense qu’il ne faut pas oublier ces gens-là !

  4. Clochix dit :

    Loin de moi l’idée de défendre Facebook, dont je suis parfaitement conscient de la nocivité.
    Mais (forcément, il fallait bien un « mais » 😉 )

    . je ne suis pas tutafé d’accord avec le fait que FB ne renvoie rien. Il se dit ces jours-ci qu’il est devenu un des premiers, si ce n’est le premier, fournisseur de contenus aux médias grands publics, devant Google. Les Geeks partagent leurs liens sur Twitter/Identica/Buzz (comme hier sur Blogmark/Delicious…), les Michus (je ne met rien de péjoratif dans ce qualificatif) sur Facebook;

    . en première analyse je suis assez d’accord avec l’analyse d’Alexis Mons ( http://www.groupereflect.net/blog/archives/2010/03/facebookou-le-crepuscule-des-geeks.html?parole_d_expert ), même si elle n’est pas nouvelle : il y a l’internet des Geeks et celui des Michus. Sans guère de point de rencontre, hormis l’univers Apple où traînent encore quelques geeks nostalgiques ou qui n’ont pas compris qu’Apple n’était plus une entreprise pour Geeks. Depuis une semaine j’ai en tête un billet sur le ballot screen. Mais la flemme de l’écrire. Mon blog n’est lu que par des Geeks, or ce serait un billet à vocation pédagogique, pour les Michus. Bref, je tergiverse depuis une semaine en me demandant comment réussir à toucher les Michus. Je me pose même la question de l’imprimer et d’aller le distribuer sur le marché 😉 Bref, peut-être qu’il faudrait qu’on aille sur FB pour rencontrer des Michus. Mais je ne suis pas sûr qu’ouvrir une page de fan soit suffisant. Aller sur FB c’est accepter de jouer le jeu, de partager des informations intimes. Une simple reprise de flus d’un blog n’a peut-être pas grand intérêt. Je ne sais pas.

    @Cyrille : Buzz et la nouvelle version de status.net ont levé la limitation à 140c 🙂

    @PetitPrince : je respecte infiniment RMS et ses choix, mais dans mon cas j’ai l’impression qu’en refusant d’utiliser tout ces services, mes critiques perdent en crédibilité car je parle de choses que je ne connais pas, ou mal, en tout cas essentiellement indirectement.

    Bref, je ne sais pas.

  5. Strider dit :

    Pour ma part, je fais une utilisation intelligente de ces services et surtout je ne fais aucune différence entre Twitter et Facebook. Au passage, les 2 services ont de bonnes API, celle de Facebook notamment permet beaucoup de choses. Si Facebook permet de renseigner plus de choses sur l’utilisateur, ce n’est en aucun cas une obligation, cela permet a ceux qui le souhaite « d’afficher leur couleurs ». Après il y a des gens qui ne se rendent pas compte de la portée des informations qu’ils donnent a Facebook (ou tout autre service Web d’ailleurs, même identi.ca rentre dans cette catégorie), tant pis ils apprendrons avec la manière dure, avec une embrouille avec des proches, une humiliation publique voire même un licenciement … Je ne souhaite cela a personne mais ce sera une étape obligatoire avant que la population se rende compte qu’écrire quelque chose sur Internet est l’équivalent de porter ce message sur un t shirt, dans la rue d’une grande ville un samedi après midi …

  6. Philippe dit :

    @clochix : Distribuer sur les marchés n’est pas l’approche la plus absurde, peut-être serait-ce même la plus saine ! Si tu vas sur FB il faut jouer « le jeu » dans FB. Pour l’instant je n’arrive pas à m’y résoudre.

  7. Philippe dit :

    @Petitprince : c’est la voie pure et dure. Mais si RMS ne se compromet pas sur ces services, peut-être que d’autres l’ont fait pour lui…
    @Bristow, on est pas obligé de remplir les cases, c’est vrai mais elles existent. Comme le dit Strider certains en apprendront les conséquences à la dure probablement.

  8. Christophe dit :

    Malheureusement philippe…j’ai tout lu mais avant j’avais répondu @aKa et Philippe (sisi je t’assure) sur l’article de Cyrille, en grande partie. Mais comme tu insistes dans ton article sur un point auquel je n’ai pas répondu (dans le commentaire @cyrille.home), je m’y attelle. Celui-là et rien que celui-là :

    « Ne pas y toucher…une certaine façon à ne pas aller vers l’autre. »

    Ce qui ne va pas dans cet argument est dit dans le premier commentaire de Petitprince plus ou moins directement :

    « RMS a fait le choix de ne pas utiliser une nouvelle technologie si elle n’est pas libre, et d’attendre une version libre pour profiter des améliorations qu’elle apporte. Il ne me semble pas que cela lui ai porté préjudice, au contraire, il a gagné en crédibilité. »

    Est-il besoin de marcher dans une flaque quand elle se présente ? Aucune nécessité, non ? On peut s’en détourner si… on la voit. Toutes les routes mènent à Rome, dit-on, non ? N’en voir qu’une ce serait comme regarder le chemin au travers de ses doigts.

    Quand on était enfants, tous ou presque avons marché volontairement dans une flaque d’eau parce que c’était drôle, parce que l’eau ça éclabousse, ça mouille !

    Les flaques, il y a celles qu’on voit, on s’en détourne, et celles qu’on ne voit pas, on marche dedans. Flac ! Parfois, c’est plus profond, ça fait plouf !

    Quand il pleut, ça peut arriver mais en plein soleil ? Ça s’peut pas ! Impossible. Alors quand on se retrouve les deux pieds dedans, on a du mal à y croire, n’est-ce pas ? On ne pouvait pas savoir et puis on était ailleurs, tout occupé à nos pensées les plus secrètes, peut-être même des plus inavouables. Ce qu’on savait en revanche, c’est qu’à rêvasser, sans regarder devant soi il y avait un risque, peut-être pas de marcher dans une flaque, surtout pas sous un soleil de midi.

    Aujourd’hui, maintenant qu’on est plus grands, c’est un peu moins drôle, surtout le matin, juste avant d’arriver au boulot. Il manquerait plus que ce soit l’hiver, tiens ! Un pantalon mouillé c’est un peu comme se promener sans. On grelotte, on éternue… vous connaissez la suite, n’est-ce pas ?

    En médecine, on appelle cela « syndrome des habits de l’empereur ». On ne pouvait pas la voir la flaque parce qu’il ne pouvait pas y en avoir. Un soleil de midi, voyons…

    – Le roi est nu…vive le roi !
    – La route pour Rome, M’sieu l’agent, c’est par où ?

  9. petitbob dit :

    salut,

    RMS est sur identi.ca !

    @+ petitbob

  10. Philippe dit :

    @ Christophe, j’adore ta parabole ! je vais continuer alors.

    Dans mon cas, j’ai vu la flaque et c’est sciemment que j’ai marché dedans en prenant le soin d’enfiler une paire de bottes de marin et un ciré. Mais je sais que je vais peu-être me noyer. Au milieu de tout ces gens qui marchent en tong dans la flaque, je passerais peut-être pour un huluberlu avec mon ciré, mais je pourrais peut-être leur dire : « Hé, regarde t’es en tong dans une flaque ». Beaucoup dirons : « Et alors, il fait beau ? ». D’autres regarderons leurs pieds et dirons : « Merde t’as raison, j’avais pas vu, il faisait si beau ». Perso, c’est pour ces derniers que j’enfile mon ciré 🙂 !

    Qu’on ne s’y trompe pas, je ne dis pas que restait en dehors de la flaque est un manque de courage ou une forme de faiblesse. Bien au contraire, il y a un prix, j’en suis conscient.

    Concernant RMS qui n’y touche pas, c’est peut-être, sans vouloir troller, parce que d’autres l’ont fait à sa place que son mouvement est « si connu » aujourd’hui, qui sait ?

    Ce qui ne remet pas en cause l’admiration que je peux porter à son travail et à sa posture. Il est le phare qui brille au loin lorsque je suis dans la flaque et que je veux retrouver mon chemin. Il est donc indispensable qu’il reste en dehors de celle-ci.

  11. Christophe dit :

    @Philippe

    Je comprends ta position… C’est un peu la même qu’aKa, non ? Je la comprends mais ne la crois pas nécessaire. Attention, je ne parle pas du fait d’aller au devant des autres mais bien des moyens utilisés pour y aller.

    « Au milieu de tout ces gens qui marchent en tong dans la flaque, je passerais peut-être pour un huluberlu avec mon ciré »

    Surtout si ton ciré est tout jaune et que le soleil est à midi ! Il y a fort à parier que les autres avec leurs tongues, ils sont aussi en maillot de bain ou en short !

    « Concernant RMS qui n’y touche pas, c’est peut-être, sans vouloir troller, parce que d’autres l’ont fait à sa place »

    Sans vouloir réduire à rien le travail des autres, très honnêtement, je ne crois pas que ce qu’ils font explique que RMS peut se passer d’y toucher. L’explication est ailleurs. Eben Moglen :

    « Toutes les excentricités personnelles que beaucoup voient comme un obstacle à la compréhension de Stallman font réellement partie de lui : son fort sentiment de contrariété personnelle, son sens aigu de l’engagement éthique et son incapacité à faire des compromis, surtout face aux problèmes qu’il juge fondamentaux, sont autant de raisons qui expliquent ce
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