Quand il n’y aura plus que l’argent, nous mangerons des billets ?

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Quand les intérêts particuliers de quelques uns prennent le pas sur l’intérêt général, il n’en sort pas grand chose de bon en général. Petite histoire banale de la Terre que l’on renie au profit de l’argent. Que dirons nos enfants de nous ?

Le titre de cet article n’est pas de moi, mais de Thierry, un membre de l’AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) que je préside. Le sujet de cette petite phrase laissée en commentaire d’un lien vers un reportage passé sur France 3 nous touche, il est vrai, de près.

C’est quoi une AMAP ?

Dans une AMAP, nous mettons en place des contrats dans le cadre desquels, chaque membre de l’AMAP s’engage à acheter pour une période donnée un certain nombre de « paniers » à un producteur. En contre-partie de cet engagement, ces producteurs acceptent de faire évoluer leurs pratiques vers des méthodes respectueuses de l’environnement. Un accord gagnant/gagnant comme on dit.

Nous avons ainsi des contrats pour les légumes, les fruits, de la viande bovine, porcine ou ovine, de la volaille, du pain (fait par un paysan/boulanger/vigneron) et du fromage de chèvre. Le tout issu de l’agriculture bio ou raisonnée et surtout locale, la belle vie en somme. Je passe aussi sur l’ambiance quasi-festive de nos distributions qui font la réputation de notre AMAP 😉 !

Le grain de sable

Seulement, comme on dit, c’était trop beau pour durer. Notre maraîcher et d’autres paysans de ce secteur sont sous la menace d’une expulsion. En ce qui concerne Jean-Luc (notre maraîcher), c’est une route qui doit passer sur ses serres pour desservir le futur Stade de football de l’Olympique Lyonnais, le fameux Stade des Lumières.

Mon amertume est d’autant plus renforcée que je n’aime pas le foot, enfin pas le sport convivial que l’on peut pratiquer, mais le foot business que l’on nous sert depuis des années. Et ce foot business a encore œuvré « pour le bien de la collectivité » en aggravant un peu plus la pression sur les terre arables autour de Lyon.

Un stade passé en force, malgré deux enquêtes publiques négatives ignorées par un troisième lot d’enquêtes saucissonnant le sujet pour mieux diviser et arriver à ses fins. Bref, pour ceux qui voudraient en savoir plus, je les renvoie à cette page de Wikipédia qui présente le projet OL Land.

Comme le dit l’article de Wikipédia, le grand stade est aussi contesté pour ce qu’il représente en termes de : « collusions entre les actionnaires du groupe OL, les dirigeants des collectivités territoriales (mairie de Lyon, Grand Lyon, Conseil général), les syndicats mixtes (SYTRAL) et le patronnat lyonnais (Olivier Ginon, la CGPME etc…). »

Bon bien sûr, une exploitation qui disparaît ne changera pas la face du monde et c’est peut-être même égoïste de ma part de m’indigner de cela face aux « enjeux économiques » que représente ce stade.

Pour répondre à la question que posait Thierry, je répondrais : « Encore faudra-t-il avoir des billets à manger… ».

Crédit photo Certains droits réservés par IainBuchanan

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

9 réponses

  1. Eric dit :

    Ayant fait partie d’une AMAP lyonnaise, je ne peux que les soutenir.

    Toutefois, je le fais pour des raisons qui me semble contraire aux vôtres.

    Je crois en effet à la doctrine libérale, ce qui fait que je suis
    entièrement opposé à votre première phrase :
    « Quand les intérêts particuliers de quelques uns prennent le pas sur
    l’intérêt général, il n’en sort pas grand chose de bon en général. »

    Je pense que l’intérêt général n’existe pas et que c’est le croisement
    des intérêts particuliers, fussent-ils égoïstes, qui permettent à tous
    l’amélioration des conditions de vies.

    Toutefois, pour que cela fonctionne, et surtout pour que cela soit
    moralement acceptable, il est nécessaire d’avoir des règles
    communes. Celle-ci sont extrêmement simples et peu nombreuses. On peut notamment
    cités la liberté et la propriété.

    Dans un monde où la propriété est respectée, jamais un agriculteur d’AMAP ne pourrait
    être exproprié par une équipe de foot, sauf à lui payer le juste prix.

    Dans notre monde, basé sur le soi-disant intérêt général, et finalement sur l’intérêt des plus
    fort (« les actionnaires du groupe OL, les dirigeants des collectivités territoriales (mairie de Lyon, Grand Lyon, Conseil général), les syndicats mixtes (SYTRAL) et le patronnat lyonnais (Olivier Ginon, la CGPME etc…). « ),
    il est très facile pour les plus fort d’expulser les plus faibles.

    Nous donnons tous notre pouvoir aux hommes politiques pour
    qu’ils assurent le soi-disant intérêt général, cela n’a jamais marché nulle part,
    ne marche pas actuellement et ne marchera jamais. Et le fait que presque
    personne ne soutiennent les thèses libérales (je ne parle pas du capitalisme de connivence défendu par « la droite ») ne fera qu’aggraver le problème dont l’expulsion d’une AMAP n’est qu’un épiphénomène.

    Je finirais en renouvelant mon soutien et en demandant : que peut-on faire pour
    aider ces propriétaires qui vont être expulser ?

    (Merci à Philippe d’avoir relayer l’info)

  2. david96 dit :

    Bonjour,

    L’argumentation des lobbys industriels et des gouvernements qui consistent à dire qu’au nom de l’économie et de l’emploi on peut saccager le cadre de vie des habitants et polluer la terre est de plus en plus intolérable.
    On peut constater qu’avec cet argument fallacieux, de nombreux dégâts sanitaires et environnementaux sont désormais irréversibles.

    C’est quand même dingue cette folie irraisonnée !

  3. Bonob0h dit :

    Manger des Billets ! Voyons il n’y en aura bientôt plus 😉 il faut bien gaver les fournisseurs de solutions de paiement électronique

    Et puis franchement vous n’avez rien d’autre a faire que critiquer ceux qui fournissent l’opium du peuple pour mieux l’asservir !

    D’un autre coté c’est une bonne chose ce problème … le maraicher pourrait cultiver sur les plate-bandes de la route et sur les rond points en développant une agriculture verticale et ainsi profiter de l’aubaine pour vendre ses légumes sur le bord de la route. Bien sur on peut aussi envisager les autres productions agricole de la même façon comme ça les visiteurs/spectateurs pourrait passer par la ferme en allant voir un match ou autre compétition

  4. Philippe dit :

    @Eric : Houlà, je ne me lancerais pas dans un échange autour de la définition de l’intérêt général, cela nous lancerait probablement dans de longs échanges philosophique 🙂 ! Mais il est clair que c’est là un point de divergence entre nous. Mais si au final nous nous accordons sur le caractère injuste de ce qui se passe c’est qu’au fond nous ne divergeons pas tant que cela 😉 …
    Pour ce qui est d’aider, il ne reste plus qu’à les soutenir dans leur combat face à la justice pour obtenir une juste indemnisation du préjudice subit ce dont on est encore loin actuellement. Pour le reste le permis du stade a été signé, les travaux lancés, plus rien n’arrêtera les bulldozers.
    @Bonob0h : Cultiver en bordure de route, c’est quand même pas top, faut prévoir un système de dépollutions, mais bon tu as du y penser 😉

  5. ®om dit :

    david96 :
    L’argumentation des lobbys industriels et des gouvernements qui consistent à dire qu’au nom de l’économie et de l’emploi on peut saccager le cadre de vie des habitants et polluer la terre est de plus en plus intolérable.
    On peut constater qu’avec cet argument fallacieux, de nombreux dégâts sanitaires et environnementaux sont désormais irréversibles.

    « Nous détruisons nos richesses pour tenter de cesser de nous appauvrir »

  6. gerard dit :

    @ Eric,

    Tu nous donnes un définition tout à fait académique du libéralisme. Tout n’est pas à jeter dans cette vision (notamment les droits de l’Homme) et c’est probablement pour ça que la gouvernance mondiale part aussi de cette vision de l’intérêt général pour se constituer une théorie. L’intérêt général ne serait plus le propre de l’État, mais l’addition, ou le consensus de tous les intérêts privés qui auraient joué des coudes autour de règles bien définies.

    Cette vision du monde souffre au moins du problème suivant : ton intérêt à toi, en tant qu’individu, n’existe pas face à une entreprise un tant soit peu importante (je rappelle que le droit des affaires prime souvent sur le droit de l’individu). Tu pourrais alors te regrouper avec d’autres pour donner force à ton intérêt. Mais que vaudra ton intérêt face à celui d’une multinationale ? Ton pouvoir d’influence, de lobby est sans commune mesure avec les FMN (firme multi-nationales).

    Il n’y a qu’à prendre l’exemple du Logiciel Libre face au logiciel privateur. Si le premier arrive aujourd’hui à se faire un peu entendre, c’est au prix d’une lutte incroyable.

    Le problème de cette vision libérale, tout comme celle de la gouvernance, est que les petits ne peuvent pas jouer à ce jeu, et par conséquent leur intérêt est étouffé par ceux des plus puissants, c’est à dire aujourd’hui des plus fortunés – et souvent pour être fortuné, il faut être «bien né».

  7. Bonob0h dit :

    @ gerard … les petits s’ils s’y prenaient autrement pourraient mieux viser dans les talons …
    @ philippe … même quand les bulls sont la on peux parfois les arrêter … quand à la pollution … les gaz d’échappements … faut attendre les voitures électrique … mais surtout il ne faut pas se focaliser sur la proximité de la pollution et ne pas oublier par exemple que parfois les contreforts du luberon sont plus pollués que Fos sur mer !

  8. david96 dit :

    @®om, merci pour le lien.
    @Bonob0h, attendre les voitures électrique ? L’électricité génère aussi des dégâts écologiques (Central nucléaire, éolienne etc…).