L’open source met l’homme au centre des développements : Yves Jacolin, expert en Géomatique

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Lors d’une de mes promenades sur le Net, mon attention a été attirée par le site de Yves Jacolin. Il traitait d’un sujet que je ne connais pas bien : la GEOMATIQUE. Il s’agit comme nous l’expliquera Yves d’une discipline liée à l’informatique bien sur. Je voulais vous en parler car les projets sur lesquels travaillent Yves sont open source. Yves a bien voulu répondre à quelques questions dont je vous livre ici les réponses.

Yves, peux-tu nous présenter ta discipline ?
Yves Jacolin : La Géomatique est une discipline relativement récente (une 10e d’année en France) qui n’a pas encore réellement de définition précise. Mais généralement je donne une définition en trois niveaux (de la plus courte à la plus longue) :
1- La géomatique est un terme québécois qui comprend la GÉOgraphie et l’inforMATIQUE.
2- La géomatique est le domaine qui tente de répondre à une problématique géographique (on dit aussi spatiale) en utilisant l’outil informatique.
3- La géomatique est le domaine qui part de la création des données (télédétection, topographie, vue aérienne et satellite), à la diffusion des données (webmapping – comme google maps – ou vers le cartographe), en passant par leur structuration et leur organisation, leur analyse (qui n’a pas utilisé mappy ?)

GeoRezo, le Portail de la Géomatique et des SIG (Systèmes d'Information Géographique)Pourquoi avoir choisi l’open source ?
Y.J.. : Je pense que c’est le côté « partage » qui m’a attiré de prime abords. Partage de l’information (par l’ouverture du code), partage des projets et travaux réalisés (par la possibilité de modifier et diffuser ses travaux).

C’est une éthique que je qualifierai d’humaniste dans le sens où les projets open source sont censés  mettre l’homme au centre des développements, soit socialement (créer un réseau, des contacts, échanger) mais aussi et essentiellement le fait que les projets open source sont crées pour répondre à un besoin d’un utilisateur.

Quels sont les projets auxquels tu participes ?

Beaucoup (trop ?). Je suis modérateur des forums webmapping, GeoLibre et GeoLibre-web sur le site GeoRezo, j’ai mis en place et gère le projet Wiki de GeoRezo.

Je suis président de la Représentation Francophone de l’OSGeo, appelé OSGeo-fr dont l’objectif est « la promotion des projets Open source en Géomatique ».

Je contribue également au site portailsig.org en rédigeant quelques articles sur mapserver ou la FAQ CartoWeb. Je suis d’ailleurs administrateur du site communautaire de CartoWeb.

Je contribue également à la communauté en écrivant/traduisant de la documentation sur mon site Softlibre (ImageMagick, GDAL-OGR, OpenLayers, mapserver, QGIS, etc.).

J’ai lancé également un projet personnel pour écrire une interface graphique (webapp) pour le géocodage d’adresse.

Enfin je contribue au blog communautaire de GeoRezo sur les technologies libres.

Y-a-t-il un risque de voir le travail réalisé en open source récupérer par une compagnie privée** ? En d’autres termes open source et innovations peuvent-ils cohabiter sans prendre le risque de voir le  fruit de son travail exploité par d’autres ? La seule licence open source est-elle suffisante ?

Pour moi la question n’a pas de sens. Le concept de projet libre (et je parle bien de projet pas de logiciel libre  ;=)  ) est le partage du travaille et autoriser n’importe qui a l’utiliser, à le modifier et à le partager.

“C’est une éthique que je qualifierai d’humaniste dans le sens où les projets open source sont censés mettre l’homme au centre des développements”Il est bien évident qu’il faut insister sur les conséquences de ces libertés : une société qui utilise et modifie du code (ou tout autre produit réalisé par un projet) a tout intérêt à contribuer au projet initial plutôt qu’a forker.

Je sais que cela se pratique dans certaines sociétés qui se rendent compte après coup que cela est stupide ! Stupide parce qu’à chaque nouvelle version il faut réintégrer les nouveautés dans le fork, parce que cela ne profite pas au projet, seulement à la société et encore avec de fortes contraintes ! Sans compter le manque de valorisation qu’une société (mais aussi une personne physique) peut tirer de ses contributions.

L’innovation d’un projet open source peut toujours être récupérée, il n’y a qu’à voir les navigateurs internet qui lorsque l’un va sortir une innovation (les onglets par exemple) d’autres projets vont « copier » l’idée. Est ce néfaste ? Je ne pense pas, l’utilisateur, au centre de tout projet OS, est gagnant.

Ceci dit le projet n’est pas pour autant perdant : valorisation des nouveautés, dynamique crée, etc.

Donc je pense que les sociétés font autant partie de l’écosystème open source qu’un particulier. Les licences GPL ou assimilés n’interdisent pas le commerce des projets OS, d’ailleurs on ne parle pas de logiciels libres ou OS contre des logiciels commerciaux, mais de logiciels libres ou OS contre des logiciels propriétaires. Là où il faut être vigilant est la manière dont le partage et l’ouverture se réalise : accepter de perdre le leadership sur un projet que l’on a crée et géré n’est pas toujours évident, et pas seulement pour une société ou pour des raisons économiques  😉 .

Merci Yves d’avoir bien voulu consacré ton précieux temps à mes questions

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.