Tout objet technique est pharmacologique : même le logiciel libre

closeCet article a été publié il y a 9 ans 7 mois 26 jours, il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

pharmakonCet article vient en écho des différents échanges qui ont eu lieu sur le réseau social Diaspora* et dans divers billets récent.

Tout d’abord que veut dire « Tout objet technique est pharmacologique ». J’ai extrait cette phrase du site Ars Industrialis dont je suis de loin les réflexions. Cette phrase est associée à la notion de pharmakon (ou pharmakos selon) :

En Grèce ancienne, le terme de pharmakon désigne à la fois le remède, le poison, et le bouc émissaire.

Pour résumer l’application de cette notion à nos objets technologique et personnellement je l’étendrai à tous les objets qu’ils soient techniques ou pas revient à dire que ce n’est pas l’objet qui a de l’importance, mais ce que l’on en fait. Ainsi un marteau est un parfait outil pour planter des clous, il devient bien plus critiquable lorsqu’il sert à enfoncer le crâne de son voisin. Une forme de Lapalissade que l’on peut étendre à bien d’autres sujets, dont le logiciel libre.

Revenons-en aux événements récents qui concernent le réseau Diaspora* et son utilisation pour de la diffusion de contenu de propagande par l’Etat islamique. J’utilise ce réseau social comme plate-forme de base de mes diffusions vers d’autres réseaux sociaux comme Twitter et Facebook. J’y suis aussi présent histoire de rester au contact de la communauté du logiciel libre qui habite principalement ce réseau. Évidemment, c’est aussi une forme de soutien à ce logiciel libre et une façon de ne pas mettre tous mes œufs dans un seul panier surtout quand on n’en a pas la maîtrise.

Les échanges ici, , soutenus et relancés par Grand Maître Christophe (souvenir, souvenir 🙂 ) autour du comportement des administrateurs de certains pod a été pas mal animés. Ils ont en tout cas permis de constater que ce n’est pas parce qu’un logiciel est libre qu’il est permis d’en faire un usage qui contreviendrait aux lois. Mais j’enfonce probablement des portes ouvertes (ou pas selon).

C’est bien cette notion de poison et de remède de l’outil technologique et au final de bouc émissaire (Diaspora*, le réseau des terroristes) qui transparaît ici. Le logiciel libre n’est pas nécessairement un gage de liberté pour l’utilisateur. Google, Apple, Facebook, Amazon utilisent du logiciel libre massivement dans leur service. Quel en est le résultat pour l’utilisateur ?

Cela montre aussi qu’au final le code n’est pas si important qu’on veut nous en convaincre. Évidemment son existence est un prérequis indispensable. Ce qui prime c’est l’usage que l’on en fait et le « geste » qu’on imprime au projet dans sa globalité. Certains logiciels privateur pourraient bien être parfois plus « libérateurs » que leurs homologues libres.

Quant à la question de Christophe de savoir si Diaspora* est un logiciel libre ou un réseau social libre, je répondrais que c’est certainement un logiciel libre, mais qu’il est encore loin de répondre aux critères qui pourraient en faire un réseau social libre. Je m’appuie toujours sur la définition du TIO (Total Information Outsourcing) pour cela. Hors Diaspora* échoue au premier critère qui est celui de pouvoir récupérer ses données utilisateurs ou alors c’est bien caché.

[Mise à jour 31/08/2014 – 21:58] Comme signalé dans les commentaires, il existe bien une fonction d’export. Donc premier critère passé. Le second également puisque Diaspora* est disponible sous une licence AGPL v3. Pour le troisième, il est lié aux conditions générales d’utilisations du service. Donc finalement, il est bien possible de faire un service libre au sens du TIO avec Diaspora*. Je m’en vais me flageller sans délais.

Je ne jette pas la pierre à Fla ou à ceux qui mettent à disposition Diaspora*. C’est à utiliser « tel quel » et ils ne demandent la plupart du temps rien en retour. La chose est entendue. Personnellement, Diaspora* peut bien disparaître (et il disparaîtra comme bien d’autres).

Les réseaux sociaux ne sont à mon sens que des porteurs de flux. Rien de ce qui y circule ne devrait avoir la moindre pérennité. C’est peut-être cette absence de pérennité (consciente ou inconsciente) qui les rend si « vides » d’existence à la différence d’un site personnel voir communautaire. Bien entendu cela ne les place pas au-dessus des lois pour autant.

 

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

3 réponses

  1. Alexandre dit :

    Au sujet de l’export des données sur Diaspora, il est possible de récupérer ses données au format XML et ses photos. C’est dans la page « Paramètres », tout en bas.

    Ceci devrait correspondre à la définition du TIO ?

  2. Philippe dit :

    Bien vu, j’avais pourtant cherché 🙂 . J’update l’article

  3. Bonob0h dit :

    Copié collé de Diaspora à ici 😉

    Et oui le logiciel libre peut être utilisé par des « terroristes » des voyou ou autre ! Ca on ne peux l’empêcher !

    Mais est ce une raison pour autant que ceux qui développent mettent en œuvre des services afférents eux ne fassent pas un peux le ménage même si parfois c’est tendancieux dans la mesure ou les perceptions de la liberté d’expression notamment n’est pas la même ni règlementée pareil selon les us et coutumes et lois !

    Mais cette affaire d’islamiste utilisant diaspora est bien loin de la réalité de certains libriste démocrate qui dans notamment un certain pays ont dans leur rang des salafistes avérés !

    Pour la petite histoire c’est le leader même qui un jour m’avertis qu’untel du groupe de hacktivistes est un salafiste avéré ! Ce même salafiste travail du reste dans une filliale d’un gros du numérique français ! Du reste quelques temps plus tard je peux lire les déclarations de ce salafiste et de quelques autres à propos d’une attaque d’un lieu ou se trouve des enfants occidentaux !

    Or quand on le fait remarquer à ces démocrates ou mieux encore à des français bien en vue allant aider a la démocratie qu’il est inadmissible que des démocrates s’allient à des salafistes que se passe t il ! On vous éjecte, puis après on vous menace !

    Le pire étant le Français bien en vu qui en plus de ne rien dénoncer, botte en touche mais pire vous mets des bâtons dans les roues auprès de son réseau des « gens du numérique français » !