Novell vendu en pièces détachées à Attachmate et Microsoft (ou presque)

closeCet article a été publié il y a 13 ans 4 mois 28 jours, il est donc possible qu’il ne soit plus à jour. Les informations proposées sont donc peut-être expirées.

Je me souviens de mes débuts dans l‘informatique d’entreprise et mes premières armes avec les systèmes d’exploitation réseau. Je me rappelle encore de cette époque où j’installais des postes sous windows 3.1 et auquel il fallait rajouter une « petite » sur-couche du nom de Novell Netware pour obtenir des fonctionnalités de partage de fichiers ou d’imprimantes dignes de ce nom.

Un rappel pour enchaîner sur les récentes évolutions financières autour de cet éditeur. Quel rapport avec le logiciel libre ou open source ? Novell avait racheté en 2003 la distribution GNU/Linux Suse marquant ainsi son entrée dans la famille des éditeurs commerciaux de systèmes d’exploitation open source.

Novell refait parler à nouveau de lui en 2006 en raison des accords très controversés signés avec Microsoft. Un accord conclu en échange de sa bienveillance eu égard à l’utilisation de technologies brevetés par Microsoft au sein du système d’exploitation Suse.

Il faut cependant aussi retenir que Novell a permit le lancement d’OpenSUSE, une distribution GNU/Linux communautaire en 2005. Cette distribution sert de base à SUSE Linux Enterprise elle-même déclinée en versions Server, Desktop, RealTime et ThinClient. Un fonctionnement d’ailleurs assez proche de celui de Red Hat avec le projet communautaire Fedora.

Depuis plusieurs mois, des rumeurs de ventes de Novell circulaient avec comme acheteur potentiel : Vmware ou encore Attachmate. C’est ce dernier qui rafle la mise et acquiert pour 2,2 milliards de dollars Novell.

Que devient Suse dans ce rachat ? Dans un communiqué commun, Novell explique en effet que l’acquéreur a décidé d’opérer l’entreprise sous forme de deux divisions distinctes baptisées Novell et SuSe (source). La supposition de mise est que cette division est réalisée pour préparer la prochaine étape qui pourrait être la cession de Suse à un autre acteur du marché.

Autre point de l’accord l’apparition de Microsoft au travers du consortium conduit par ce dernier : CPTN Holdings LLC. CPTN a acquis pour 450 millions de dollars des actifs  relatifs à la propriété intellectuelle de Novell. Pour l’instant, Microsoft refuse de communiquer sur le contenu de ces actifs. Cependant, les premières informations semblent indiquer qu’il s’agisse de 882 brevets.

Au final, nous assistons a un nouvel exemple de ce qui peut se passer lorsqu’un éditeur de logiciel porteur d’un projet de logiciel open source se fait racheter. Les utilisateurs peuvent se retrouver pris au piège de la nouvelle stratégie du repreneur. Ce dernier  peut décider de mettre fin aux services de support proposés ou encore au financement du développement.

Le fork ou reprise du projet par la communauté reste bien sûr toujours possible. Cependant, elle laissera à penser à certains décideurs en entreprise que finalement le logiciel open source est tout aussi sujet que le logiciel propriétaire aux aléas des rachats et consolidation entre acteurs de l’informatique.

La force de la communauté associée à un logiciel libre ou open source que l’on choisit doit être un critère important lors du choix. Une communauté forte devrait permettre de mieux ancrer le logiciel dans la durée.

.

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

19 réponses

  1. Louis Roché dit :

    Je suis tres curieux de voir ce que va faire microsoft par rapport aux accords autour de mono par exemple. J’espere qu’on aura assez rapidement une mise au claire sur ca sujet. Sur l’avenir de Suse aussi d’ailleurs.

  2. Bonob0h dit :

    P…1, 15 ans que je dis et propose de faire du Libre AUTREMENT 😉

    Mais seules réponses : tagueuletakakoder

    Si au moins les « affaires » de rachats par Oracle, etc pouvait permettre de faire prendre conscience !
    Bon je vais faire ma lettre au Père Noël 😉

  3. Christophe dit :

    Salut Philippe,

    « Au final, nous assistons a un nouvel exemple de ce qui peut se passer lorsqu’un éditeur de logiciel porteur d’un projet de logiciel open source se fait racheter. Les utilisateurs peuvent se retrouver pris au piège ».

    Parfaitement d’accord. D’ailleurs, c’est une des raisons principales pour lesquelles je ne soutiens plus du tout Ubuntu. Plus question même de l’installer chez qui que ce soit. Ubuntu ne s’est, officiellement engagée sur rien du tout. Nous n’avons qu’à nous fier ou pas à la parole de son PDG, heu… pardon… développeur de patron dont la ligne n’a rien de bien clair.

    « La force de la communauté associée à un logiciel libre ou open source que l’on choisit doit être un critère important lors du choix. Une communauté forte devrait permettre de mieux ancrer le logiciel dans la durée. »

    Au-delà de la force de la communauté, il y a les engagements. Et malheureusement, peu de communauté ont suivi ou suivent les pas de Debian et de son contrat social. D’ailleurs, je ne vois aucune autre distribution avec un contrat social… Si ?

  4. bonob0h dit :

    @ Christophe … il ne faut pas attendre grand chose des « communautés » qui se tirent la bourrent bêtement et concurrentiellement 😉 le soucis est que quand on propose de s’y prendre autrement personne ne bouge

    @Gerovital … Ah si au lieu d’attendre avec curiosité les gens se bougeaient AUTREMENT 😉

  5. Christophe dit :

    @bonob0h : tu as l’air bien désabusé. Je crois quand même que la communauté Debian, je veux dire celle qui « gère » Debian est, de ce point de vue, assez exemplaire.

  6. bonob0h dit :

    @Christophe … un rayon de soleil au milieu d’un épais brouillard … ça confirme la règle !
    Et qu’au lieu de blablater il faut agir, d’autant plus vu ce qui arrive coté web et que dénonce TBL l’inventeur du oueb 😉
    Sinon je ne suis pas désabusé dans le cas contraire je ne prendrais même pas la peine de poster pour titiller et voir si parmis les blablateurs il n’y en a pas qui enfin prendraient la peine de faire / participer autrement 😉 de façon efficace dans un monde qui n’est pas celui des bisounours 😉

  7. Philippe dit :

    @bonob0h arrête de parler aux spam 😀 !
    @Christophe : Debian est effectivement un bon exemple, tu prêches un convaincu 🙂 . Je vais prendre un peu de temps pour regarder le fonctionnement de la communauté Debian d’un peu plus prêt. Et relire surtout ce fameux contrat social…
    Ce qui n’exclue pas la présence des entreprises (et autres) autour de ce type de communauté pour apporter financement et ressources humaines au projet.

  8. bonob0h dit :

    @PS je survole tellement vite que je fais pas attention a regarder le lien du pseudo 😉

    Sinon le contrat « social » de debian n’a rien d’extraordinaire … c’est « sympa » mais vague, et très « dev/geek » ! Le besoin est ailleur 😉

  9. Seb24 dit :

    Je suis pas d’accord sur les conclusions.

    Pour moi il faut simplement bien différencier les différents niveau d’organisations qui participent au libre :
    1 – Il y a les entreprises qui font du libre de manière accessoires, et plus pour leur relation publiques (ex : Microsoft)
    2 – Il y a les entreprises qui font du libre par opportunisme. Pour redynamiser leurs produits ils passent leurs produit en « pseudo-libre », pour redynamiser leur activité et profiter de la croissance des logiciels libres. Dans ce cas la communauté et souvent secondaire ou mise de coté. ( Novell, SUN)
    3 – On a les entreprises qui participent au libre simplement pour répondre aux besoin du marché ( Intel, AMD, etc…)
    4 – Il y a les entreprises qui font du libre leurs culture d’entreprise. Elles jouent le jeux communautaire et vivent de leurs communautés ( Canonical, Red-Hat ).
    5 – Ensuite on retrouve principalement les projets indépendants comme Debian ou Linux qui ne dépendent pas d’une entreprise, mais d’un écosystème complet qui mélange Communauté et entreprises.

    Pour moi les deux premiers type d’entreprises ne sont pas fiables et viables à long terme dans le libre. Par contre le reste de l’éco système me parait beaucoup plus solide et fiable. Les communautés indépendantes comme Debian constituant le socle, sur lequel viennent se greffer des entreprises et la communauté.

  10. bonob0h dit :

    @ seb
    dans le 3 on peut mettre google 😉
    pour le 4, les orientations de canonical et d’autres reviennent au 2 …

    Pour le 5, l’écosystème et la stratégie ne permettent pas un vrai développement, seulement du confidentiel limité a des populations « pro » au détriment de l’interêt général, et je devrais dire planétaire, et de ce fait fini par cautionner, sans intention de le faire, le reste !

    Il y a d’autres possibiltés pour écarter les « entreprises » qui finissent « toujours mal » !

    L’appat du gain est malheureusement « actionnairement » trop présent pour qu’il en soit autrement avec les modèles actuels associant « communautés » + entreprises !

    A force du reste ce modèle pause aussi des problèmes lié à l’E-sclavage/travail dissimulé qui a force de se développer coté « internet » commence a rejaillir dans les secteurs traditionnels.

    Alors même qu’autrement, il y a matière a satisfaire tout le monde, développer de bien meilleurs outils, développer encore bien plus d’emplois que ne le font les entreprises, etc

  11. Philippe dit :

    @Seb
    Les entreprises qui font du libre par opportunisme il y en a effectivement beaucoup. Mais je ne crois pas que l’on puisse s’arrêter à un découpage aussi rigide. Tant qu’un logiciel reste sous licence libre il a une chance de circuler. Facebook, Twitter sont de gros contributeurs aux logiciels libres et je ne parle pas de Google. Alors si des entreprises produisent du code libre par opportunisme tant mieux pour ceux qui trouveront le moyen d’en faire quelque chose de valable et s’en saisiront avec plus d’intelligence que ces derniers.
    @bonob0h : le credo : toutes les entreprises sont des pourries, je n’y crois pas. Il y a des exemples de pourris dans tous les camps. L’associatif, le communautaire n’y échappe nullement.

  12. bonob0h dit :

    @PS
    Les entreprises ont des actionnaires … qu’elles soit pourries ou pas ce sont a notre époque les actionnaires qui dictent pour leur profit ! et le libre en usant des communautés bénévoles est encore pire puisque ça tombe normalement sous le coup en France de l’article L 324-9* et suivant … et dans tous les pays il y a des lois similaires !

    * Travail dissimulé qui soit dit en passant est du pénal, et surtout se développe de plus en plus de la part d’entreprises « respectables » alors qu’il y a peux s’était avant tout le fait « d’entreprises mafieuse »

    C’est aussi en ça ou entreprises / libre pose aussi des problèmes !
    Twitter sous couvert de communautarisme fait traduire gratuitement par des bénévoles !
    Quand on le dénonce personne n’écoute !

    Du coup on en arrive a ce que des entreprises de gardiennage anglaise lance un système ou les internautes surveillent des caméra de surveillance et gagne une petite prime s’ils voient un acte délictueux ! Au détriment d’agent de surveillance duement rémunérés !

    Jusqu’ou vont aller les dérives ?

    Quand a profiteurs/pourris il y en a partout !
    Mais ça peut se faire condamner !
    Pas des actionnaires qui ne sont la que pour l’argent !
    Ce sont les lampistes qui trinquent !

    Quand un patron se fait condamner, les actionnaires en mette un autre et ça recommence / enfin ça continue sous une autre formule !

    Quand un président de fondation majeur déconne il fini lui en taule ainsi que ses acilytes, et 3 ans plus tard c’est la fondation la mieux géré contrairement a ce que tout le monde croit encore …

    C’est en ça ou il faut aussi revoir les modèles liés au libre d’autant plus que la notion de libre est aussi en partie liée a partage, échange, etc ce qui est loin du modèle « entreprise / actionnaires » et ce d’autant plus si du libre sous une « bonne coupe » qui se plante se fait racheter sous une mauvaise coupe !

    Maintenant rien n’empêche s’il faut vraiment pour certains besoin avoir une entreprise, que son actionnaire et bénéficiaire soit une association/fondation/fond de dotation 😉
    Même si le mieux est aussi de pas payer d’impots sur les bénéfices puisque le libre est destiné à l’intérêt général, dont celui de l’état par exemple 😉

  13. Philippe dit :

    Le problème ce sont surtout les politiques qui se sont laissés corrompre (intellectuellement voir plus si affinité) par certaines entreprises et qui ont laissé faire ou facilité ces dérives. Elles ne sont pas inhérentes aux entreprises mais aux règles du jeux qu’on leur a donné. Change les règles du jeux et tu changes leur comportement. Mais plus facile à dire qu’à faire, donc faut jouer sur d’autres leviers avec les règles du moment on est d’accord.

  14. bonob0h dit :

    Les politiques ! Qui les élis ? 😉 ceux qui râlent contre eux 😉
    Et qui les fait élire … ceux qui avant même qu’ils ne soient élus les financent pour mieux les avoir dans la poche !

    Changer les règles ! Pas forcément besoin justement !
    La plus part sont en place, il faut simplement les utiliser 😉 Mais personne ne connaissant les règles alors que nul n’est censé ignorer la loi, personne ou rare sont ceux qui les utilisent a bon escient !

    Le problème de faire ! c’est avant tout trop souvent de devoir passer du temps à convaincre des « moutons » 😉 a leur décharge on leur a pas apris dès leur naissance a ne pas faire autre chose que bêeeeeeh 😀 du coup la plupart se retrouvent facilement en meshoui 😉

  15. Seb24 dit :

    @Philippe : certe mon découpage est peut être pas optimum. Mais je parle plus au niveau de la viabilité des projets que sur la diffusion du code libre.

    Une entreprise qui participe au libre de manière opportuniste mais n’a pas de projet en propre. Ca reste une bonne chose pour le libre, et la communauté pourra en tirer partie. Je pense par exemple à facebook avec php, ou google avec apache.

    Si Facebook/Google se retirent de ces projets pour X raisons, ca n’aura pas d’impacte fort. Car ce sont déjà des projets indépendants et autonome ( ma catégorie 5 😛 ). Au final ils auront juste perdu X contributeurs.

    A contrario, on voit que les projets qui sont dirigés directement et uniquement par des entreprises vont avoir des chances de survies beaucoup plus minces. Oracle à essayé de prendre le pouvoir dans les board des anciens projets libre de SUN ( et apparemment avec succès ).

    Est il faut avoir les épaules solides et une communauté vraiment dynamique pour sortir un fork.
    Libre Office a l’air d’avoir réussi, mais c’est peut être moins vrai pour Maria DB face à Mysql.

    Et c’est la ou on peut distinguer les grosses boites comme Novell ou Oracle qui sont orientés beaucoup plus vers l’actionnaria et les résultats financiers : ils ont une politique financière et favorise les bon investissement à une vision « technologique ».

    De l’autre coté Red-Hat et Canonical ont une politique beaucoup plus technophile. Le fait que leurs créateurs soient encore au commande influe beaucoup je pense. Et c’est pour moi un facteur de confiance. Même si il faut rester vigilent sur les orientations qui sont prises.

  16. bonob0h dit :

    @ Seb

    Les fondateurs influent pas mal, tant qu’ils sont actionnaires majoritaire !
    Ensuite c’est la loi des actionnaires !

    Sinon dans le modèle majoritaire d’entreprises qui financent que constate t on ?
    Que toutes sont des acteurs du secteurs ! Pire ! Il n’y a en général qu’un seul gros contributeur !
    Mozilla est financé par qui ? Gogole ! et par quelles autres !?

    Aucune n’est le client ! Alors même que ce sont les »clients » qui font que les acteurs s’enrichissent 😉
    Que se passe t il d’entreprises qui n’ont qu’un seul gros client ou « actionnaire » ?

  17. Philippe dit :

    Je ne vois pas ce qui change avec des statuts associatifs. Il arrive souvent que des assoc périclitent ou changent d’orientation une fois leur membres fondateurs partis ou décédés. Rien n’est eternel, ce n’est qu’une histoire de point de vue. Certains modèles ont des avantages sur d’autres selon la situation dans laquelle tu es.
    Canonical par exemple serait mort depuis longtemps si Shuttleworth n’injectait pas tous les ans de l’argent depuis son tas de « fucking money » gagné dans le passé. C’est Nitot himself qui m’avait fait découvrir ce terme. Il parait que Mozilla est aussi assis sur un gros tas de fucking money. C’est par ici.
    On est tous les moutons d’un autre 🙂

  18. bonob0h dit :

    @PS
    Tout dépend des statuts déjà ! Les Status peuvent empêcher plein de choses 😉 surtout les plus néfastes comme par exemple pouvoir transformer une asso en entreprise …
    Ensuite bien sur c’est une question de mise en place d’une continuité !

    La partie financière est aussi importante ! Si Shutlleworth ne donne plus … Si gogole ne donne plus … etc … que se passe t il ?

    Et dans ce cas on ne peut être que moutons 😀

    Et justement il faut donc aussi voir/developper un modèle qui ne dépend pas « d’un acteur » mais « DES Utilisateurs » 😉 car faut être fou pour mettre tous ses oeufs dans le même panier qui plus est sans cloisonnement du panier :p
    Ce qui n’empêche aussi nullement de faire appel à ceux qui ont des tas d’or 😉 tant des acteurs que des utilisateurs :p

  1. 23 novembre 2010

    […] This post was mentioned on Twitter by Philippe Scoffoni, Henri Gomez. Henri Gomez said: RT @pscoffoni: Chez Philippe : #Novell vendu en pièces détachées à Attachmate et #Microsoft (ou presque) http://bypsc.fr/0ra #SUSE #OpenSUSE […]