DotRiver, la bureautique Libre en ligne

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La bureautique en ligne est probablement un des services qui est appelé à se développer fortement dans les années à venir. Plusieurs services en ligne concourent déjà dans cette catégorie et pas des moindres : Google Apps, Office 365 et bien d’autres challengers.

François AubriotL’offre de DotRiver , société de la région Rhônes-Alpes, consiste à fournir un accès sécurisé à un environnement de travail bureautique complet hébergé en datacenter. Cet environnement est basé sur un système d’exploitation libre et c’est ce qui en fait sa particularité.

Il suffit d’utiliser un logiciel client pour se connecter à son bureau au travers d’une connexion Internet.Le poste de travail ne contient aucune donnée. Tous les traitements s’exécutent à distance sur le serveur. Ceci permet d’utiliser de tout petits terminaux ou encore de vieux PC recyclés.

C’est François Aubriot son dirigeant qui répond à mes questions.

Philippe Scoffoni : Salut, François, peux-tu nous expliquer comment tu as découvert le libre ?

François Aubriot : C’est avec l’internet, en 95 que j’ai découvert les environnements Linux, le Libre. Je travaillais alors sur des grands et mini systèmes IBM et avec un collègue nous nous sommes mis à faire des passerelles TokenRing/Ethernet, des serveurs d’accès Internet avec des PC qui bootaient sur des disquettes 1 »1/4. Nous avions même porté Lynx (navigateur en mode caractères) sur des écrans passifs IBM pour consulter Internet.

P.S. : Aujourd’hui qui sont les principaux acteurs dans le domaine du bureau à distance ?

F.A. : Principalement des éditeurs propriétaires américains, Citrix, VMWare, venus respectivement de la publication d’applications et de la virtualisation de machines. Nous avons également 2 éditeurs français Systancia et Neocoretech également propriétaires. Microsoft et Google essayent de se positionner en utilisant des approches différentes.

P.S. : Comment t’es venu l’idée de la solution DotRiver ?

F.A. : Simplement pour des besoins quotidiens d’utilisateurs de bureautique qui devaient collaborer, retrouver depuis n’importe quel terminal leur environnement, leurs fichiers. Nous souhaitions également pouvoir utiliser  les vieux PC que nous avions, et le faire avec des logiciels libres pour sortir du carcan de Microsoft et surtout accéder au code et faire fonctionner tout ça comme nous le voulions. C’était en 2003 et nous avons créé la société en 2008.

P.S. : Quelles sont les principales composantes techniques sur lesquelles s’appuie DotRiver ? Sont-elles toutes libres ?

F.A. : Actuellement toutes les « briques logiciels » utilisés sont libres, open source et tout le ciment que nous avons mis autour, pour que tout fonctionne, puisse être industrialiser est notre savoir-faire, notre expérience. Les solutions sont principalement basées sur FreeNX, LTSP (en fonction de la position du serveur) OpenLDAP, Squid, Nagios, KDE, LXDE etc.

Côté logiciel « bureaux » ce sont LibreOffice, Thunderbird, Firefox… tous les logiciels qui fonctionnent sur Linux/Unix et même de temps en temps des logiciels Windows que nous faisons fonctionner avec Wine. Mais si un utilisateur a besoin d’un client Lotus Notes, un client SAP sur son bureau, nous lui mettons.

P.S. : A qui s’adresse DotRiver ?

F.A. : De l’artisan à la grande entreprise, les collectivités, les associations, écoles, universités. C’est très transversal, a partir du moment ou je dois faire de la bureautique, des mails de l’internet, accéder à des applications « métiers », vous pouvez être un utilisateur de DotRiver.

P.S. : Selon toi, quels sont les principaux avantages et inconvénients de ton offre ?

F.A. : Réduction du coûts total de possession des postes (qui représente près de 50 % des budgets informatiques sans aucune valeur métier) et pas uniquement du fait de la gratuité des logiciels, mais surtout grâce à la banalisation du poste,  ne pas déployer de logiciels, ne pas intervenir sur les postes, garantir que la bureautique fonctionne.

Ensuite la collaboration, le télétravail, la mobilité. Tout le monde accède aux mêmes fichiers avec les mêmes outils et ce quelque soit le lieu, le terminal. La sécurité est également très importante (accès et données), plus rien sur les postes, toute la sécurité un un seul endroit, les serveurs et ils sont supervisés administré 24h sur 24.

Enfin le Green-IT, l’allongement de la durée de vie des terminaux existants et aussi des serveurs, car, à iso périmètre, nous avons besoin de 2 à 3 fois moins de ressources que les solutions propriétaires utilisant Microsoft.

Le seul inconvénient, aujourd’hui serait pour certains usages à distance, la gestion des flux multimédias. Nous avons beaucoup travaillé dernièrement et proposons avant l’été un nouveau client NX (open source) qui prendra en charge tous ces flux.

Question_DruckerP.S. : Tu utilises des logiciels libres que tu assembles pour obtenir le service en ligne DotRiver. Mais le code qui fait la « glue » entre tous ces composants n’est pas accessible ? Autrement dit, si je ne suis pas content du service DotRiver, je ne peux pas reproduire le service chez un autre prestataire ?

F.A. : Il est possible de récupérer toutes les données depuis les fichiers bureautiques jusqu’aux fichiers de configuration de l’environnement de chaque utilisateur.

P.S. :  Une forme de « lock-in » pour l’utilisateur ?

F.A. : D’une certaines façon oui, car  je peux faire ce que je veux de leur machine virtuelle, partir avec, la déplacer, etc.Mais les utilisateurs sont aussi libres de partir quand ils le souhaitent, ce ne sont que des fichiers bureautiques. Il est possible de demander une installation en dédié chez le client, dans un datacenter ou un service de type IaaS. Le client a son annuaire LDAP ou Active Directory (ou pas) , ses SAN, NAS de stockage, etc.

P.S. : Le choix de proposer des bureaux basés sur une distribution GNU/Linux n’est-il pas un handicap ? Comment se passe l’intégration d’applications Windows ?

F.A. : Pour 95 % des utilisateurs, c’est transparent. Son fond d’écran, ses icônes, clics, doubles clics, raccourcis clavier… rien de révolutionnaire dans l’usage de son environnement de travail. Pour certains utilisateurs le passage à une suite bureautique LibreOffice peut être un peu déroutant, mais il faut savoir évoluer et nous proposons justement une double opportunité celle de changer le « modèle » pour la bureautique et en même temps de passer sur des logiciels libres.

Pour des applications qui ne fonctionnent QUE sur Windows, pour certaines nous arrivons à les faire fonctionner sur nos environnements (avec Wine ou Crossover), mais nous avons aussi, sur les bureaux, les clients Citrix, TSE, AS400…. et nous pouvons accéder sans problème à des applications publiées.

DotRiverP.S. : Utilises-tu des datacenter en France pour l’hébergement de tes serveurs ?

F.A. : Les serveurs, machines virtuelles sont là ou veut le client, chez eux, leur prestataire, chez nous, il n’y a pas d’obligation et le service que nous délivrons est identique. Pour les clients que nous hébergeons, nous gérons nos infrastructures dans un Data Center sur Lyon.

DotRiver participe également au consortium de recherche et développement nu@ge France qui est soutenu par l’état (Investissements d’Avenir).  Un maillage national de petits data-centers, éco-conçus et très efficaces, avec une mobilité totale des réseaux et des données. Notre objectif, à terme est d’utiliser cette infrastructure pour nos clients hébergés, pour les autres ils pourront localiser leurs serveurs ou ils le souhaitent, ils sont libres.

P.S. : Merci François pour tes réponses !

F.A. : Merci et n’hésites pas à tester, c’est gratuit et en 5 min tout le monde peut se faire son idée.

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

8 réponses

  1. Roger dit :

    Bonjour,
    Juste pour être sur de bien avoir compris, P.A met en avant tout les arguments du logiciel libre en le mélangeant à l’open-source, mais ne dit pas clairement que DotRiver client et serveur sont libre ou open-source. Aussi, je ne trouve pas de lien pour obtenir les sources (nécessaire pour être défini comme libre il me semble cf. https://www.april.org/logiciel-libre ). D’ailleurs, si les logiciels utilisés sont libre, et qu’il sont publiés (exemple: le logiciel client, si ce n’est pas depuis une url dans un navigateur) leur sources doivent l’être aussi; free.fr a déjà testé l’aventure avec sa box.

    En résumé: Est-ce que DotRiver est un logiciel libre ?

  2. Fabrice dit :

    Bonjour

    NX de nomachine est « libre » car les sources sont utilisées par FreeNX mais elles ne sont pas toujours très actuelles, flottement dans les mises à jour durant un temps, ce qui rendait FreeNX incompatible avec le client NX de nomachine …
    Sinon nomachine est un super outil qui n’a rien à envier à du citrix par exemple …
    Une autre solution intéressante (francaise) est ulteo qui est très intéressante et fonctionne bien pour ce genre de projets.

    Voilà …

    Sinon c’est très intéressant que des sociétés se développent autour de ces outils.

    Bonne continuation

  3. « Est-ce que DotRiver est un logiciel libre ? »
    NON car ce n’est pas un logiciel, c’est un service (sup admin, montées de versions, bref la garantie que toute la bureautique fonctionne).
    Le client utilisé est OpenNX il est LIBRE et Open Source.
    Le serveur utilisé est FreeNX, il est libre et Open Source.

    En ce qui concerne l’APRIL bien vu la « définition » mais nous adhérons plutot à l’approche du http://www.cnll.fr En effet nous (entreprises) devons vivre, trouver un modele économique (des modeles)… et ce n’est pas toujours évident.

    A votre dispo Roger

  4. @Fabrice
    Le client NX Nomachine fonctionne avec les serveur FreeNX mais certaines foctionnalités ne sont pas dispo. Pour cette raison nous avons fait pas mal de développement sur le client OpenNX.
    Nous travaillons (DotRiver) avec le gestionnaire du projet FreeNX (DE) et avons bon espoir de pouvoir intégrer des développements…

    Nomachine est effectivement une très bonne solution (et nous sommes également VAR). La version 4 est véritablement bluffante en terme de gestion du multimédia… et c’est effectivement au niveau (voir +) des compétiteurs (citrix, vmware…) mais également en terme de couts des licences…. Nomachine vient d’ailleurs de déménager sont siège social d’Italie vers le Luxembourg 🙂
    Si l’entreprise, le client, souhaite TOUT gerer de A à Z (et ne pas confier toute ou partie à DotRIver) nous pouvons lui fournir des licences Nomachine (et de la presta pour le set up…) mais au grand dam de @Roger, ce n’est plus du tout de l’open source, ni du logiciel libre au sens « Aprilien » du terme 🙂

  5. Roger dit :

    @Francois Aubriot/@Fabrice Merci pour les clarifications

  6. Nico dit :

    C’est un sujet qui m’intéresse depuis longtemps… Quelle différence avec Ulteo justement ?

  7. david96 dit :

    Bonsoir,

    Merci pour cette ITW, je testerai dès que j’aurai un peu de temps, ça m’a l’air fort intéressant. 🙂

  8. Fabrice dit :

    Bonjour

    @Francois Aubriot Bravo pour DotRiver, j’aurais aimer le faire à votre place 😉 c’est bien de contribuer à nx (de) il y a 6 ans j’ai cru que ce projet allait mourir … Effectivement la V4 est une tuerie …

    @Nico la différence entre ulteo et nx, et bien justement ça n’a rien à voir 😉
    Ulteo au même titre qu’un Xendesktop ou un Xenapp (anciennement Metaframe) permet de publier un Bureau ou une application (windows -> linux ou linux -> windows) avec une utilisation du protocole RDP et donc de licences TSE (dans le cas de bureaux ou d’applications Windows) donc cela peu avoir un coût de licence.
    NX est différent car il permet juste l’accès à un bureau en encapsulant le trafic dans un tunnel SSH, donc sécurisé cela depuis un client « web » ou depuis le client lourd.

    Ultéo est « compliqué » à mettre en place et est jeune, nx est « simple » à installer et à configurer et à plus de bouteille.

    Voilà

    Fabrice