C’est quoi un éditeur de logiciels open source ?

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Un article qui vient en écho de la sortie de la nouvelle version de SugarCRM et qui m’a permis de constater à nouveau que le mot open source et sa définition étaient employés de façon un peu cavalière par certains éditeurs.

Prenons le cas de SugarCRM. Il propose une version « community » disponible sous licence AGPL. Jusque-là pas de problème. Les versions commerciales de son produit sont sous une licence permettant l’accès et la modification du code source. Mais la redistribution de la version modifiée est interdite. Cette licence commerciale n’est donc pas open source car en contradiction avec le point 1 de celle-ci : libre redistribution. Peut-on encore dire dans ces conditions que SugarCRM est un éditeur open source ?

Je sais que les inconditionnels du logiciel libre diront que l’open source ne pouvait que mener à ce genre de dérive. Je répondrais qu’il appartient aussi aux tenants de l’open source de dire : ça suffit, la limite est franchie.

Les avantages de l’open source commencent à être connus des responsables informatiques et parfois même des dirigeants. Etre estampillé open source, c’est bénéficier immédiatement d’un surcroît de séduction. Perdre ce label, c’est perdre un argument marketing.

Alors, c’est quoi un éditeur de logiciel open source ?

Michael Widenius créateur du logiciel de gestion de bases de données Mysql tente d’y apporter une réponse. Son point de vue est intéressant, car MySQL fait parti des logiciels open source qui sont vendus sous deux licences : une open source et une commerciale. L’offre commerciale incluant des outils dont le code source est fermé à la façon de SugarCRM.

Il évoque ce point en reconnaissant avoir à l’époque commis une erreur lors de la création de MySQL AB. Son objectif était clairement de faire en sorte que MySQL AB reste toujours un éditeur open source. Or le pacte d’actionnaire stipulé seulement que « Mysq software » devait rester sous une licence open source. Ceci permit en 2006 à l’équipe dirigeante de commercialiser Merlin, le moniteur de MySQL comme un logiciel au code source fermé. L’argument était que ce dernier n’était pas basé sur le code du serveur MySQL.

Sa définition d’un éditeur open source est la suivante :

  1. La société doit produire des logiciels,
  2. Tous les logiciels que produit cette société et qu’elle met à la disposition de ces utilisateurs doivent être disponibles sous une licence open source. Ceci inclut également le code côté serveur qui peut être nécessaire pour exécuter le logiciel.

En complément, Michael Widenius pense qu’il serait souhaitable que la société puisse annoncer publiquement que tout le code qu’elle produit et produira dans le futur restera disponible sous licence open source.

Des sociétés comme SugarCRM serait bien avisées de clairement dissocier ce qu’elle commercialise sous des licences fermées du reste, car sinon c’est une façon d’abuser les utilisateurs qui pourraient bien avoir la mauvaise surprise de se trouver verrouiller par un logiciel dont ils pensaient qu’il était open source. Un point que les entreprises doivent analyser précisément et savoir ce qu’elles acceptent de perdre en toute connaissance de cause.

Si l’open source est la version business des logiciels libres, elle ne doit pas perdre de vue non plus qu’elle aussi elle répond à une définition précise et qu’il convient de la respecter.

Philippe Scoffoni

Je barbote dans la mare informatique depuis 30 ans (premier ordinateur à 16 ans, un ORIC ATMOS) et je travaille à mon compte au travers de ma société Open-DSI. J'accompagne les associations, TPE et PME dans leurs choix et dans la mise en oeuvre se solutions informatiques libres.

13 réponses

  1. Bigou dit :

    Le problème, c’est qu’à la base « OpenSouce » ça se traduit juste par « source ouverte ». Sauf que quand le terme a été crée, c’était juste pour remplacer le terme « FreeSoftware » (logiciel libre) qui prête à confusion avec « Freeware » (logiciel gratuit), alors que libre n’est pas forcément gratuit.

    Donc SugarCRM n’utilise pas la définition de l’Open Source Initiative, mais une autre qui est tout aussi juste, dans la mesure où les sources sont bel et bien ouverte. (En tout cas, moi je le vois comme ça.)

  2. Bonob0h dit :

    Hé oui … quand un système se mets en place il y a toujours des profiteurs qui détournent a leur profit et ce d’autant plus que les bases du système ont de grosses lacunes !

    Trop de liberté tue la liberté d’autant plus dans ce monde peuplé d’animaux doués de déraison !

    Ce qui est dommage c’est que lorsqu’on propose un « autre modèle » ou une évolution prenant en compte toutes les dérives mais aussi des possibilités non utilisée … on a contre soit ceux qui sont contre, ceux qui font pareil … et même ceux qui ne font rien !

    Bref personne pour se bouger autrement !

  3. Philippe dit :

    @Bigou : « une autre qui est tout aussi juste ». A ce compte là si on accepte les définitions, on peut considérer que Microsft ou Apple sont des éditeurs open source ;-). J’arrête le troll. Personnellement la seule définition que je reconnais est celle de l’OSI, sinon on ne s’en sort pas et surtout on ouvre la porte à toutes les dérives…

  4. gege2061 dit :

    Ça rejoins mon commentaire récent sur statusnet : http://status.scoffoni.net/index.php/conversation/14803 Il semble en effet y avoir confusion entre open source et Libre.

    A mon avis[1], le terme open source doit désigner des logiciels dont le code source est ouvert, c’est à dire librement consultable, et c’est tout. C’était la nature même des logiciels au début de l’informatique (par exemple, les désormais célèbres pilotes Xerox, voir « Richard Stallman et la révolution du logiciel libre »).

    Quant aux logiciels Libres, ils doivent impérativement respecter les quatre libertés énoncées par la FSF.

    Et oui Apple et Microsoft sont des éditeurs open source : http://www.opensource.apple.com/ & http://www.microsoft.com/opensource/

    Microsoft est même un éditeur de logiciels Libres, mais c’est loin d’être leur activité principale…


    [1] Et ce n’est que mon avis, mais les lectures que je peux avoir sur le sujet ne me semblent pas aller à l’encontre de celui-ci.

  5. Philippe dit :

    Désolé gege2061, il n’y a aucune confusion. Lit la définition de l’open source donnée par l’Open Source Initiative http://opensource.org/docs/osd . C’est la seule que je reconnais. Je suis un pur et dur de l’open source 🙂 ! Cette définition est si proche de celle du logiciel libre (mais pas complétement notamment sur la viralité non systématique de la licence ) que les deux concepts peuvent se confondre du point de vue encore une fois des licences.
    Idéologiquement ils sont différents. L’open source se concentrant sur les aspects pratiques des licences. Donc non pour moi le terme de logiciel open source ne désigne pas que des logiciels dont le code est librement consultable. Il doit également être librement redistribuable (point 1 de la définition de l’open source).
    Certes l’OSI n’est pas propriétaire du terme open source bien qu’il y eut une tentative pour déposer ce terme et de le protéger. Il faut donc s’opposer aux dérives marketing qui consiste à faire croire à l’utilisateur qu’il bénéficiera des avantages des licences open source alors que c’est faux.

  6. gege2061 dit :

    Ok, je le n’avais jamais vu comme ça, je ferrais plus attention à mon l’utilisation du terme open source à l’avenir.

  7. bonob0h dit :

    @gege2061

    On a pas besoin de la FSF ou autre pour faire une licence opensource 😉

    @ Philippe
    Rien n’empêche de faire une licence pour une application ou le code est ouvert, et ou l’usage est payant (pas cher à gratuit pour les particuliers et associations par exemple) mais payant pour les entreprises et que dans ce cas ces royalties soient redistribués à ceux qui ont contribuer !
    Tout ajout ou modification pour ameliorer serait dans le même ordre d’idée …
    On peut même envisager quelques choses qui soit a géométrie variable plus complet que la CC

    Du reste un principe comme celui ci serait plus facilement compris et adopté
    Il serait temps du reste que ça évolue plutot que de rester dans une guerre de tranchée entre 2 « Mondes » qui pourtant l’air de rien se ressemblent beaucoup

    Par ailleurs l’OSI n’a pas le monopole d’une définition … ce sont avant tout les mots qui compte, et d’autant plus quand l’interprétation est ici suggete à polémique !
    Le terme que devrait employer l’OSI selon sa definition étant OpenSource&FreeWithoutConstraint
    Mais le marketing est aussi passé par l’OSI et les Libristes car « OpenSource » c’est plus vendeur

  8. Philippe dit :

    @bonob0h, non l’OSI n’a pas le monopole de la définition. J’ai juste choisi de suivre la leur…
    Ton idée de licence à géométrie variable est effectivement à creuser… Mais globalement avec les logiciels open source ou libre c’est bien un peu ce qui se passe. Ce sont les entreprises qui financent en général les développements pour que les « petits » puissent les utiliser gratuitement. Je prend juste le cas du serveur apache que j’utilise librement mais dont le développement est financé en partie par une fondation elle-même financée par des donateurs privés… Si je prend le cas d’ERP c’est un peu la même chose mais via des éditeurs commerciaux. C’est justement la redistribuabilité du code qui garantie cette possible « juste » utilisation. Mais rien ne garantie la juste redistribution des profits, c’est assez clair par contre.

  9. bonob0h dit :

    @Philippe

    Encore une fois il y a tout pour faire, plutot que d’en parler 😉 Car pour le moment il y a trop de licences et qu’une seule suffit si elle est bien faite !
    Ca crédibiliserait beaucoup mieux qu’actuellement, ça pourrait mettre en place un modèle economique equitable sans compter que ça pourrait faire evoluer « les brevets »

    Il n’y a pas que des entreprises qui peuvent financer comme je l’ai expliqué précédement, et ce d’autant plus que le rachat d’entreprises par d’autres peut aussi mettre une fin brutale a des développements.
    Du reste ça pourrait aussi permettre de réunir pour plus d’efficacité, etc plutot que de disperser comme actuellement …

  10. MCMic dit :

    @Philippe : la définition de la FSF pour le Logiciel libre n’aborde pas la question de la viralité, elle présente seulement les 4 libertés fondamentales à respecter, et les licences de type permissive comme la BSD sont tout à fait libre du point de vue de la FSF, elle sont simplement permissives et non copyleft.

    Donc non, la différence entre OpenSource et Logiciel Libre n’est pas sur la question de la viralité.

    Pourquoi s’embêter à faire 10 points là où 4 libertés fondamentales suffisent 😛

  11. Philippe dit :

    @MCMic : c’est vrai tu as raison, ce n’est pas la viralité, faut que je reprenne mes notes comme on dit, j’avais noté des exemples de différences quelque part….
    Sinon, je suis aussi un partisan des 4 libertés des logiciels libres 😉

  1. 18 juillet 2010

    […] This post was mentioned on Twitter by Philippe Scoffoni, FOSSwiki. FOSSwiki said: Chez Philippe : C’est quoi un éditeur de logiciels #opensource ? http://bypsc.fr/0b5 http://bit.ly/azfsLz […]

  2. 26 juillet 2010

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